EMA @ Botanique: déluge folk et noise

L’Américaine Erika M. Anderson a retourné l’Orangerie du Botanique ce samedi, dans un torrent de décibels entre folk et noise. Larsens, tension sexuelle et émotion sur le fil.

C’est une question de priorités. Ce samedi, la foule avait beau se diriger en masse à la Nuit Blanche – et autres Festival Comme à la maison -, nous n’aurions pour rien au monde voulu être ailleurs qu’au Botanique. Car c’est dans l’Orangerie qu’EMA, pour Erika M. Anderson, déversait un torrent de décibels pour la dernière date de sa tournée européenne.

Découverte un peu sur le tard, via sa reprise de l’Endless Nameless de Nirvana sur une compilation du magazine Spin, son premier album Past Life Martyred Saints s’est rapidement imposé comme une évidence qui se retrouvera sans doute dans bien des tops de fin d’année. Évoluant entre folk et noise, avec une influence manifeste de PJ Harvey ou Courtney Love (Elliott Smith et les Pixies ne sont pas loin non plus), la grande blonde américaine sait y faire pour étaler ses tripes au grand jour.

20h30. Pas de première partie. Leif Shackelford, claviériste/violoniste et magicien du son monte seul sur scène et introduit la riot grrl dans un tapis sonore planant. La belle y pose une intro spoken word à fendre le coeur avant d’inviter le reste du groupe à la rejoindre pour réellement commencer les hostilités. L’heure de concert qui suivra sera un concentré d’énergie brute, d’émotion sur le fil et de tension sexuelle saupoudrés de moments poignants. Comme quand, entre deux morceaux, Erika M. Anderson remarque les quelques bambins venus apprécier le concert du premier rang. « You made my month » affirme-t-elle, la larme lui poussant au coin de l’oeil. « Croyez-moi ou pas, j’adore les enfants. Même si je parie que vous n’oseriez pas me laisser les vôtres pour la journée. »

Effectivement, sous ses airs de grande blonde sexy, EMA a l’air sérieusement ravagée de l’intérieur. Mais ses chansons en sont d’autant plus grandes et habitées. Musicalement, si ça frôle souvent la limite de l’acceptable à s’en tenir aux arguments classiques (justesse, mise en place, etc.), c’est justement ce côté bancal, sur le fil, qui donne toute sa dimension au concert. Ça vit, ça transpire, on sent dès les premières notes de Marked ou Butterfly Knife que les morceaux sont de réels exutoires. Et dans les deux registres, tant les déluges de feedback et de distortion que la sensibilité folk, EMA fait mouche. Même cette reprise du Add It Up des Violent Femmes passe comme une lettre à la poste. Le genre de concert qui ne laisse pas indemne. Il faudra plus d’une pinte pour se remettre de ses émotions…

Kevin Dochain

SETLIST: Intro / Marked / The Grey Ship / Milkman / Add It Up (Violent Femmes) / Butterfly Knife / Breakfast / Cherylee (Gowns) / Anteroom / California // Take One Two / Red Star

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