Dour J4: mi Fugees, mi raisin

Lauryn Hill © DR
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Tête d’affiche vendeuse pour Dour 2015, Lauryn Hill rallumait le cierge des années 90 sur la Last Arena ce samedi. Un rendez-vous culte pour un concert qui ne l’était pas forcément.

On aurait vraiment voulu revenir tout sourire du concert de Lauryn Hill, à Dour ce samedi. Afficher – par exemple – une béatitude à la hauteur du retour magistral d’IAM, il y a deux ans au même endroit. Trente minutes en retard, la célèbre chanteuse des Fugees drainait pourtant une poignée de sentiments mitigés et de regards perplexes parmi les 10 000 spectateurs de la Last Arena. Confondant Bruxelles et Dour lorsqu’elle s’adresse au public, la diva rap, soul, reggae et R&B ne peut être correctement entendue que lorsqu’on se trouve face à elle. L’affaire est réglée pour les plus de trente ans. La voix rauque et cassée du New Jersey ne scellera malheureusement pas des retrouvailles aussi mémorables que celles de Lenny Kravitz, cet été à Werchter.

Saccadée comme Georges Clinton au début des années 80, Lauryn Hill lance des regards secs et poudreux à ses musiciens. Leur prestation est pourtant à la hauteur de l’icône. Elle flirte parfois avec l’afro jazz de Femi Kuti. Mais des dissonances musicales éclosent de ce stress latent. Assise avec sa guitare les trente premières minutes, l’ex soeur d’armes de Wyclef Jean se détend heureusement lorsqu’elle se lève pour rapper. The Miseducation of Lauryn Hill se dresse alors comme un souvenir imparable de 1998. Ex Factor, son inévitable single remporte tous les suffrages. La foule, soulagée entonne This is Crazy, son refrain, en coeur.

Ce passage old school se poursuit tout naturellement par une foule de clins d’oeil aux Fugees. Un flow incroyablement rapide envahit le site. Le genre à dévaler des pentes aussi vite qu’un festivalier sous la pluie. La grosse drache nationale est de fait au rendez-vous pour mouiller la version accélérée de Fu-Gee-La qu’elle exécute. Oulalala ! Sa version de Killing Me Softly With His Song résonne sèchement. Métallique, le tube laisse ensuite la place à une belle poignée de reprises. La farouche lionne attrape ainsi Bob Marley sous ses griffes pour Is This Love ? et Could You Be Loved. Boulversante, elle implore enfin le Feeling Good de Nina Simone. Peu après une heure du matin, Lauryn Hill conclut sur les claviers joueurs de Doo-Wop, dernier extrait tubesque de sa deuxième et dernière partie de concert aux airs de best of. Une heure de stress. Trente minutes de détente. On a déjà vécu concert plus serein sur la Plaine de la Machine à Feu…

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