Critique | Musique

Dominique A – Vers les lueurs

CHANSON | Dominique A fait se frotte run quintette d’instruments à vent avec l’électricité des guitares. Résultat: une douzaine de chansons à la beauté éclatante.

DOMINIQUE A, VERS LES LUEURS, DISTRIBUÉ PAR CINQ7/PIAS. ****
Ecouter l’album sur Spotify.

EN CONCERT LE 11 MAI, AUX NUITS BOTANIQUE, BRUXELLES.

En 2009, Bashung dépose définitivement son feutre noir. Au même moment, Dominique A sort La Musique, disque miraculeux, marquant un nouveau sommet dans l’oeuvre de l’intéressé. Pas besoin de plus pour y voir une forme de passage de relais, la continuité assurée d’une chanson française qui a davantage traîné ses oreilles du côté du rock que dans les alentours de la variété. Trois ans plus tard, Dominique A reprend les choses où il les a laissées ou à peu près. « Depuis L’Horizon (2006), j’ai l’impression que chaque disque répond à l’autre », glisse-t-il volontiers. La Musique se terminait par exemple avec La fin d’un monde, celle, au 1er degré, du monde rural décrit dans le morceau. Vers les lueurs s’ouvre avec ces mots: « Oublie la ville, oublie la vitesse »… Ailleurs, Vers le bleu, histoire d’un amour fraternel, fait écho aux errances avinées de Hasta…

Main tendue

Vers les lueurs n’est cependant pas qu’une suite, un double. Le décor a changé. Un quintette d’instruments à vent, guidé par David Euverte, est venu se frotter à l’électricité du groupe. « Pour la sonorité de la flûte par exemple, explique Dominique A, j’avais une chanson de Midlake en tête, Acts of Man, sur le dernier album. J’adore cette sonorité. C’est sans doute une réminiscence de l’enfance. Le générique de Bonne nuit, les petits , un truc comme ça (sourire). Puis, il y avait aussi l’exemple Nick Drake, l’idée de confronter la délicatesse de ces instruments à l’électricité. » Cela donne des morceaux de bravoure comme Le Convoi, long de plus de neuf minutes, des tensions habilement maîtrisées (La Possession), mais aussi, au centre du disque, une triplette de morceaux d’une beauté évidente (Loin du soleil, Quelques lumières, Vers le bleu). « Avec David, on a écarté tout ce qui partait dans un registre trop « dissonant ». J’avais systématiquement envie de recadrer dans le sens de la chanson. »

Vers les lueurs porte ainsi bien son nom, disque lumineux, évident sans jamais tomber dans la banalité. Même les thèmes récurrents se mettent au diapason, bercés d’une bienveillance presque inédite. « C’est inconscient, mais je pense qu’il y a ici beaucoup de chansons qui font appel à l’autre. Peut-être plus que par le passé, où les personnages étaient dans des positions plus autistes, plus refermés sur eux-mêmes. Ici, il y a comme la recherche de la main tendue. » N’hésitez pas à la saisir…

Laurent Hoebrechts

DOMINIQUE A RÉÉDITÉ

L’idée initiale était de ressortir La Fossette, à l’occasion des 20 ans de sa parution. Finalement, c’est bien l’intégralité de la discographie de Dominique A qui revit aujourd’hui. Remasterisée, mais aussi augmentée, pour chacun des albums, d’un deuxième CD constitué d’inédits, démos, live et autres versions rares. Peu, voire pas de déchets dans une oeuvre dont les obsessions ne deviennent jamais des tics, partant des sécheresses électroniques de La Fossette pour aboutir aux vastes paysages dégagés de L’Horizon ou La Musique en passant par les rugosités crispées de Remué. Un chemin définitivement unique.

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