DJ en ligne pour clubbers confinés

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FocusVif.be Rédaction en ligne

Devant une piste de danse zébrée de lumières stroboscopiques mais pratiquement vide, un DJ fait un set diffusé en streaming: depuis que les boîtes de Singapour ont fermé pour cause de coronavirus, les clubbers dansent chez eux.

A mesure que la pandémie s’est propagée, de hauts lieux de la nuit ont fermé leurs portes tour à tour, à Londres, New York, puis Singapour, mais des DJ inventifs ont commencé à proposer des performances en ligne, pour sauver l’esprit de la fête.

Le monde de la nuit, comme des secteurs entiers de l’économie, sont gravement menacés par le virus qui force quelque 3,6 milliards de personnes à vivre confinées chez elles alors que les gouvernements imposent des mesures de distanciation physique.

Après que les autorités de Singapour ont décidé la semaine dernière de fermer la plupart des lieux de divertissement, le club Zouk a organisé une « cloud-clubbing » party, une soirée en ligne avec les performances de six DJ à suivre sur une application.

Elle s’est tenue vendredi, jour où la boîte de nuit fait d’habitude le plein de clubbers. Mais cette fois, quelques personnes seulement étaient présentes, surtout des employés.

DJ Nash D reconnaît qu’il a trouvé l’événement un peu bizarre au début.

« Quand on joue pour un club plein à craquer, on sent l’énergie venir et j’aime rendre cette énergie » avec ma musique, dit à l’AFP le DJ dont le vrai nom est Dhanish Nair.

Mais il s’est vite habitué et note que les commentaires en direct des clubbers qui apparaissaient sur son ordinateur l’aidaient bien: « Les morceaux demandés me guidaient pour aller dans une certaine direction ».

En plus des commentaires postés sur l’application de streaming Bigo Live, les clubbers envoyaient aussi aux DJs des cadeaux virtuels pouvant ensuite être échangés contre de l’argent.

L’événement de trois heures a attiré quelque 80.000 vues au total, selon le fabricant d’équipements pour jeux vidéo Razer, co-organisateur de la soirée. Et jusqu’à 3.200 personnes se sont branchées simultanément via l’application.

Ensemble, chacun chez soi

En Chine, où le virus est apparu fin 2019, les DJs et les clubs ont commencé à diffuser des événements dès début février quand l’épidémie a connu un pic dans le pays.

Des boîtes de nuit de Shanghai et de Pékin ont transmis en direct des performances de DJs via Douyin, la version chinoise de l’application TikTok, qui permet aux fans d’acheter pour leurs DJs préférés des cadeaux virtuels convertibles en paiements.

Le club pékinois One Third a attiré un public en ligne de plus d’un million de personnes et les fans ont versé près de deux millions de yuans (280.000 dollars) de récompenses pour cet événement de cinq heures, selon le site internet iFeng.

Des clubs et DJs new-yorkais ont aussi organisé des fêtes virtuelles à New York, épicentre de l’épidémie aux Etats-Unis.

« The Dance Cartel » a ainsi lancé des soirées « Social Disdance » pour « danser ensemble, chacun de son côté » trois soirs par semaine.

Les participants sont invités à danser ensemble via l’application de vidéoconférence Zoom. Certains portent des costumes ou installent chez eux des éclairages disco pour se mettre dans l’ambiance.

Les soirées sont gratuites mais les participants sont encouragés à faire des dons aux DJs et aux organisateurs.

Alors que le bilan du Covid-19 dépasse à présent 46.000 morts dans le monde et que la pandémie ne montre pas de signes de ralentissement, le clubbing en ligne, rare échappatoire, devrait encore se développer.

A Singapour, les autorités ont renforcé les restrictions après une résurgence des contaminations dans la cité-Etat où quelque 900 cas et trois morts ont été enregistrés.

Et, malgré les contraintes, certains DJs et musiciens commencent à adopter l’idée du clubbing en streaming.

« En ligne, on a l’impression que les gens sont plus authentiques », relève le DJ singapourien LeNERD, de son vrai nom Patrick Lewis, qui a participé à l’événement de vendredi. Derrière un écran, « ils sont plus eux-mêmes et plus honnêtes ».

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