Décès du poète et chanteur Julos Beaucarne: « La Wallonie perd l’un de ses plus grands artistes »
Le poète et chanteur Julos Beaucarne est décédé samedi soir à l’âge de 85 ans, a confirmé dimanche la bourgmestre de Beauvechain (Brabant wallon) Carole Ghiot. Il vivait à Tourinnes-la-Grosse depuis de longues années.
L’auteur-compositeur-interprète était devenu un ambassadeur de la culture wallonne et avait derrière lui une riche carrière de plus 50 ans.
Auteur de 49 albums dont le dernier, Le balbuzard fluviatile, était sorti en 2012, cet apôtre de la tolérance, ou « collectionneur d’arcs-en-ciel » selon ses propres mots, était aussi poète, sculpteur et comédien.
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Né le 27 juin 1936 à Bruxelles, le jeune Julos a grandi à Écaussines (Hainaut). Il apprend le wallon en écoutant les conversations de son père, un marchand de machines agricoles. Après ses humanités au collège Saint-Vincent de Soignies, il commence plusieurs études qu’il ne termine pas, dont celles de philologie romane, puis suit des cours de mime. Pour vivre, il exerce un tas de métiers différents, de professeur de gymnastique à placeur d’antennes de télévision.
Sa carrière de chanteur débute en 1961 en Provence: pour payer la réparation de sa voiture, Julos Beaucarne se produit sur les places publiques, performance qu’il réitérera plusieurs étés au vu du succès rencontré. Il décroche également des rôles de comédien pour divers théâtres belges et compose des musiques de scène, dont celle de la pièce « Une poire pour la mort » d’Henri Sauvage, qui parait en 45 tours en 1964. Il publie ensuite plusieurs albums, sur lesquels il chante tant des textes personnels que des poèmes de Max Elskamp, Guillaume Apollinaire ou Victor Hugo.
En 1970, il s’installe à Tourinnes-la-Grosse, village du Brabant wallon où il vivra jusqu’à son décès.
En 1974, son sixième LP intitulé Front de libération des arbres fruitiers devient disque d’or. Le titre marque son opposition à des mesures européennes qu’il juge néfastes pour l’environnement.
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La nuit du 2 au 3 février 1975, un drame chamboule à jamais la vie de l’artiste: un déséquilibré tue sa femme à coups de couteau et le laisse seul avec ses deux enfants. « C’est la société qui est malade. Il nous faut la remettre d’aplomb et d’équerre, par l’amour, et l’amitié, et la persuasion », écrit-il au lendemain du meurtre dans sa Lettre ouverte dans la nuit.
Son premier recueil de poésies, Julos écrit pour vous, sort peu de temps après aux éditions Duculot. L’homme reçoit de nombreux prix pour l’ensemble de son oeuvre, dont le prix de l’Académie Charles Cros.
En 1981, le chanteur enregistre La p’tite gayole et adapte plusieurs chansons du folklore wallon. Il tourne ensuite notamment au Québec, au Mexique, au Maroc, en Algérie et en Inde.
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En 1993, Julos Beaucarne chante lors des funérailles du roi Baudouin.
En 1999, il érige 36 « pagodes post-industrielles » à Wahenge, près de chez lui, à l’aide de tourets en bois récupérés. « Le constructeur de pagodes, de temples et de tours, médite sur la verticalité, il récupère les matériaux usés dont plus personne ne veut, il les empile à la manière des enfants », explique l’inventeur dans une chanson.
En 2002, il est nommé chevalier par le roi Albert II. Il joue dans le film Le mystère de la chambre jaune de Bruno Podalydès et, deux ans plus tard, dans Le parfum de la dame en noir du même réalisateur.
En 2005, il imagine les courts textes de 48 panneaux de signalisation installés le long de l’autoroute E411, panneaux destinés à mettre en valeur le patrimoine wallon de manière poétique. « Ces panneaux font de moi le poète le plus lu de Belgique », aime-t-il à répéter.
En 2006, l’homme subit un pontage coronarien qui le contraint à reporter plusieurs concerts. Il parvient tout de même à fêter ses 70 ans en public quelques mois de repos plus tard.
« La Wallonie perd l’un de ses plus grands artistes »
« Avec le décès du plus célèbre de ses chantres, la Wallonie perd également l’un de ses plus grands artistes! », a réagi dimanche la commune de Beauvechain où vivait Julos Beaucarne dans le village de Tourinnes-la-Grosse.
« De la ferme de Wahenge aux scènes namuroises, Julos Beaucarne chantait et déclamait tour à tour sa passion pour notre Région, en français comme en wallon. Parlant tendre, cet immense artiste signa pour tous les Wallons le chant de la petite gayole qui restera, parmi tant d’autres chansons mémorables, à jamais associé à la fierté de notre territoire! », ajoute la commune. « Véritable humaniste du quotidien, amoureux de la nature, Julos Beaucarne colportait ses valeurs de la plus simple des manières: par des mots justes et sages emballés dans de la soie musicale ».
De nombreuses réactions ont été diffusées sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, le ministre-président wallon Elio Di Rupo déclare: « Julos Beaucarne était indiscutablement le chansonnier wallon le plus inspirant ».
Julos Beaucarne était indiscutablement le chansonnier wallon le plus inspirant. J’adresse à sa famille et ses proches toute mon amitié. pic.twitter.com/DZwX3xHZp9
— Elio Di Rupo (@eliodirupo) September 19, 2021
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« J’ai toujours aimé la manière dont il enfilait les mots. C’est grâce à un de ses textes que j’ai remporté le tournoi de déclamation de mon école. Merci de m’avoir fait aimer la poésie », a dit pour sa part la ministre wallonne Christie Morreale.
Pour le commissaire européen Didier Reynders, Julos Beaucarne était « une voix, une poésie, un autre regard sur les êtres et le monde ».
« Dès le moment où nous sortons du ventre de notre mère, nous devenons toutes et tous des émigrés », a tweeté Zakia Khattabi, ministre fédérale du Climat et de l’Environnement, reprenant une citation de l’artiste.
« Dès le moment où nous sortons du ventre de notre mère, nous devenons toutes et tous des émigrés. » #RIP Monsieur Julos Beaucarne pic.twitter.com/CAsChSl5m9
— Zakia Khattabi (@KhattabiZakia) September 19, 2021
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Didier Cloos, président de l’asbl Les Amis de Tourinnes, estime que c’est « un monument qui s’en va ». « Julos était quelqu’un de doux, gentil, simple. Nous l’avions vu pour la dernière fois en 2014 aux Fêtes de Saint-Martin. C’est un monument qui nous quitte », a-t-il indiqué par téléphone.
« Poète, auteur-compositeur, écrivain, sculpteur, c’est un grand artiste qui nous a quittés. A 75 ans, il faisait ses toutes premières Francofolies en 2011 à guichets fermés », rappelle l’organisation des Francofolies.
« Formidable poète et chanteur wallon, qui vient de rejoindre les arcs-en-ciel qu’il aimait tant », a tweeté le climatologue Jean-Pascal van Ypersele.
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