Danny Brown fait vibrer le Botanique
Rappeur américain issu de la ville fantôme de Détroit, Danny Brown déverse ses textes crus de sa voix nasillarde, souriant à pleines dents (cassées). Le Botanique a senti ses murs vibrer ce vendredi 28 mars dans la salle de l’Orangerie.
« Hi, my name is Daniel », cale Danny Brown entre deux chansons, éclatant quelques secondes plus tard de son rire déjanté, à la fois complètement stupide et terriblement contagieux. 1981, Détroit: Daniel Dewan Sewell né dans le décor des maisons déjà abandonnées et des usines désaffectées de la ville bouleversée. Rivière d’acide bordée de ghettos industriels: l’inspiration salace y est peut-être plus facile à trouver. Ambiance. Mais l’univers du hip-hop n’a pas le coeur tendre – et l’on connait le crew OFWGKTA, Asap Rocky ou Kendrick Lamar qui forment cette caste hip-hop violente et décomplexée. A 32 ans, après dix ans de vadrouilles, de featurings, de mixtapes, de compositions et un premier album sur le label Washington D.C, le chanteur signe sur Fool’s Gold Records. L’écurie saura atteler comme il faut le talent du rappeur et celui-ci galopera un peu plus dans l’excentricité dévergondée d’un Peter Pan qui a vu (beaucoup) de sales choses.
Et le public en veut, de ces sales choses. Entassé au-devant de la scène, non moins excité à l’arrière de la salle, les basses apportent déjà une hystérie palpable. Danny Brown se fait attendre. Le DJ continue ses frasques et démarre Break It (go) en faisant haleter les amateurs déjà suants. Et Daniel saute sur la scène, tire la langue, montre ses dents complètement défoncées, secoue ses cheveux crépus en bataille. Le personnage est à la hauteur des espérances, aussi déglingué que dans ses vidéos, aussi halluciné que les mots qu’il braille. Et cette fameuse voix criarde, presque énervante, que l’on entend dans ce brouhaha de sons.
Parce que le problème est bien là, ce brouhaha. Le Botanique tremble de tout son long. Les grandes vitres de la verrière ont peur. Le bar vibre de ces basses qui crachent leur violence sans faiblir. Et à l’intérieur de la salle? Beaucoup prendront cette puissance à bras ouvert, moitié défoncés de l’alcool et des fumées hypnotiques qui envahissent l’espace. La cage thoracique se transforme en caveau résonnant. Et les tympans ont mal… pour ceux qui s’en rendent encore compte. Une expérience, donc. Mais quelque peu regrettable pour ceux qui veulent entendre les mots crus du chanteur américain: leur seule satisfaction sera sans doute ces instants plus apaisés sans le son du DJ où le flow du rappeur saura rythmer la foule en délire. Mais ils seront rares, et c’est bien dommage.
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