Courtney Barnett, la girl next door hautement recommandable de ce 30e Pukkelpop

Courtney Barnett © Leslie Kirchhoff
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Parrainée par un Dandy Warhol, la girl next door australienne Courtney Barnett se la joue drôle, débraillée et gentiment en colère sur un premier album qui a le revival grunge.

Sur la pochette de son premier véritable album, Courtney Barnett a griffonné une chaise sur une carpette. D’autres, celle haute du pilier de comptoir, rigoriste de bureau et confortable du squatteur (il y a même une « strange wooden chair that nobody sits on »), sont esquissées en noir et blanc dans le livret d’un disque au titre aussi interminable que bienvenu: Sometimes I Sit and Think, and Sometimes I Just Sit. En arrivant au Buffalo Billiards, un énorme bar d’Austin, dans le brouhaha du festival South by Southwest dont elle est l’une des sensations, on s’imagine une jeune fille au regard perdu, en train, sur un coin de table, de gribouiller dans un petit calepin. L’image restera d’Epinal. Chemise à carreaux et coupe à frange, look charmant de girl next door et coolitude toute australienne, Courtney, qui a étudié dans une école d’art et s’imaginait cartooniste une fois balayés ses rêves inaccessibles de carrière dans le tennis, n’a pas le crayon à la main. « Je continue de dessiner énormément, assure-t-elle. Beaucoup de mes chansons et de mes idées germent d’ailleurs de ces dessins. Ecrire doit quelque part être quelque chose de thérapeutique chez moi. Je prends des idées, des émotions et j’essaie de comprendre ce qu’elles signifient. De leur donner sens. Ça peut être profondément triste comme éminemment drôle. »

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L’humour, la jeune femme en a un sens aiguisé. Comme le laissent entendre ses textes. « En musique, j’aime celui d’un Jonathan Richman et d’un Stephen Malkmus. Il y a quelques années, un pote a oublié son iPod à la maison. J’ai fait ma curieuse. Et je suis tombée sous le charme du Modern Lover… C’était différent. Sinon, pour parler cinéma et séries, j’apprécie la drôlerie des Monty Python, d’Arrested Development, d’un Curb Your Enthusiasm (Larry et son nombril en vf)… En Australie, pour se dérider, on a aussi des gens comme la comédienne de stand-up Judith Lucy et The Bed-room Philosopher… »

Sexe, picole et légumes bio

Fille d’une danseuse classique et d’un graphiste née il y a 27 ans à Pittwater, coin de surfers situé à une petite heure de Sydney, Courtney peut ramener beaucoup de choses à sa terre de kangourous. Quand elle ne loue pas la musique et le sens de la communauté de Dick Diver, Twerps ou Total Control, elle fait la pub de Darren Hanlon et Dan Kelly. « Ce sont des singer songwriters incroyables. Ils n’ont pas leur pareil pour raconter des histoires. Des petites histoires très drôles et sombres à la fois. Ils m’ont beaucoup inspirée. »

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Barnett qui se dit elle-même attachée à la tradition australienne, revendique aussi son amour des Saints, des Triffids, des Go-Betweens… « Melbourne est une super ville pour la musique. Il y a un tas de chouettes salles. J’ai pratiquement joué partout. Même dans les restaurants. Le seul inconvénient de ce pays, c’est qu’il est cher de le quitter. Les groupes doivent se battre pour gagner du fric et pouvoir se payer des billets d’avion pour l’étranger. »

Son premier concert loin de chez elle, la Barnett l’a donné à New York. Au festival CMJ. Le genre de truc qui ouvre rapidement des portes. En même temps, elle s’était entraînée à y frapper et avait déjà roulé sa bosse. Jonglant avec les groupes et les genres. Pop rock, punk garage… Et même country, avec Immigrant Union, le projet de Brent DeBoer, batteur des Dandy Warhols. « J’étais fan… On s’est rencontrés via des copains communs quand il est venu s’installer en Australie. On buvait des bières et on parlait musique ensemble au pub… Et sans m’en rendre compte, un jour, j’étais dans son groupe. »

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DeBoer a même joué de la batterie sur son premier EP. On n’en tirera pas beaucoup plus: Courtney préfère s’attarder sur les morts. Lou Reed. « J’aime l’attitude, le côté sec… Sa musique en général. Il était drôle aussi de manière très sarcastique. Transformer m’a mené à lui. Pendant un an, je n’ai écouté que ce disque. Je suis une obsessionnelle. Quand j’achète un nouveau T-shirt, je le porte tous les jours pendant des mois. » Kurt Cobain aussi… « Mon frère m’a fait tomber sur les Guns, Rage Against the Machine, les Red Hot Chili Peppers et Nirvana… J’ai grandi en écoutant du grunge et j’ai appris la gratte en jouant Come As You Are. Ça a longtemps été tout ce que je connaissais. J’adorais l’énergie. Et j’imagine que la colère adolescente, cette manière de cracher sa frustration, me parlait aussi. »

C’est en Tasmanie, où sa famille déménage pour ses seize ans, que Courtney écrit ses premières chansons. Morceaux qu’elle joue dans des bars et cafés d’Hobart. Elle étudie alors le dessin et la photo mais abandonne l’unif et s’installe à Melbourne où elle déprime et vend des chaussures de sport. Elle s’y consacre plus sérieusement à la musique et fonde un label dans sa chambre. Un label, Milk! Records (un clin d’oeil au In Utero de Nirvana), qu’elle dirige aujourd’hui avec sa singer songwriter de petite amie Jen Cloher. « Je me suis toujours intéressée à plein de choses. Quand j’étudiais la théorie artistique, j’étais passionnée par l’Histoire. Par la manière avec laquelle les disciplines évoluent. Les scènes se succèdent, s’influencent et s’imposent… »

Entre intime et universel, banalité et profondeur, Courtney Barnett, c’est la poésie drolatique de la vie quotidienne. Le journal intime de la petite rebelle du quartier. Le compte-rendu de ses séances chez le psy. Ta meilleure copine qui te parle de sexe, de picole et de légumes bio. Back to the nineties…

LE 21/08 AU PUKKELPOP.

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