Couleur Café J2: Mousson (suite)

Couleur Café © Ph. Cornet
Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Les chaussettes collent et la buée est abusive lorsque Keziah Jones arrive enfin sur la scène principale du plein air, le Titan, devant 257 personnes crucifées par les gouttes.

Cela fait dix bonnes minutes que la présentatrice de CC, la grande métisse bilingue et super-top enthousiaste (c’est son métier), pratique la Méthode Coué genre « il est là », « il est sur le point d’arriver », « vous l’attendez tous », « c’est formidable », « vous êtes formidable ». Attestant qu’elle doit avoir une grande confiance en l’Humanité pour meubler ainsi alors que la star précieuse révise sans doute en coulisses, la géométrie de son couvre-chef précieux. On a toujours pensé que ce poseur quadra afro était une sorte de Lenny Kravitz nigérian et donc (éventuellement) efficace mais surtout pas original. Euphémisme que les trois premières chansons de ce samedi mouillé nous confirment amplement. Pour être honnête, sur la même scène, un peu plus tard, aux premières mesures de Burning Spear, on prend une autre douche, franchement froide. Introduit par le flûtiste de son groupe américain comme « le merchandising disponible » sur www.burningspear.net, on pige que l’une des ultimes légendes reggae encore en vie -avec Bunny Wailer, Lee Scratch Perry et Jimmy Cliff- est d’abord là pour rentabiliser l’héritage. Reggaeman essentiel, ce désormais septuagénaire installé dans le Queens, « exclusivité de Couleur Café en Europe cet été », va se contenter de réciter son chapelet de Jah etctera Ce n’est pas parce que la sono, en orgasme de basses, défonce les tympans, qu’elle renoue avec le groove supérieur ayant mis la Jamaïque en orbite mondiale il y a quarante ans. Déception donc. Sous le chapiteau Univers, sans pluie sur la tronche, on apprécie le set de Laura Mvula, et pas seulement parce qu’elle trimballe un quota de tifs apte à inaugurer une chaîne de salons chevelus à Matongé. Dans ces circonstances, ce mix physique de Kelly Rowland et de Diana Ross, sophistique sans doute un peu trop ses ballades, harpe comprise, que pour arrêter le crachin maniaque et l’audience en soif de groove monomaniaque. Matière première que dégage au même endroit plus tard dans la soirée, Chance The Rapper: notre estimé collègue Laurent Hoebrechts, diplômé es-projects de l’Université du Bronx, vous décryptera tout cela avec sa street-science infuse. Perso, on a trouvé que ce mec, qui doit être hyperkinétique y compris en dormant, faisait fortement penser à une version 2.0 de Sammy Davis Jr. Hypra-business ricain mais marrant quoi…

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