Serge Coosemans

BX-Hell Underground (8) 1986-2000: Olivier Gosseries, incontournable parrain de la House Nation

Serge Coosemans Chroniqueur

DJ Kwak et Serge Coosemans partent cet été à la rencontre de figures s’étant dans un passé un peu oublié illustré au sein de différents undergrounds bruxellois. Le tout évidemment recouvert d’une bonne couche de zwanze…

Nos djeunes le connaissent via ses émissions sur Fun Radio, comme étant la moitié du concept Noisy Boys (house plutôt mainstream) et comme deejay du You, discothèque de la rue Duquesnoy où, passé 30 ans, on vous appelle Yoda. Les old timers se souviennent plutôt d’Olivier Gosseries comme du fan de house-music ayant mixé à peu près partout à Bruxelles, de l’Imaginaire au Vaudeville, en passant par le Maldoror, le Mirano, son Britannicus d’after et le Who’s Who’s Land. Une carrière bien remplie, en d’autres termes, commencée en 1986 par un mélange de funk, de disco, de new-beat et d’acid-house: « C’était une bonne époque pour trouver de tout. Il y avait de la qualité dans tous les styles musicaux. Durant les années 80, quand on sortait, il y avait une musique propre aux discothèques et la plupart des morceaux étaient complètement inconnus d’une majorité de gens. Ça ne les empêchait pas de danser, on osait la découverte et il était assez rare que quelqu’un vienne demander au DJ de passer un truc plus connu, à part Prince. C’est une grande différence avec aujourd’hui où, si tu joues des morceaux trop nouveaux ou obscurs pendant un quart d’heure, tu perds souvent le dancefloor. L’inconnu fait peur. Ceux qui tiennent les cordons de la bourse ont besoin d’être continuellement rassurés et c’est en partie ce qui explique que l’on nivelle tant par le bas. D’un autre côté, est-ce que l’underground existe encore vraiment à une époque où tout est disponible et repéré dans l’instant? »

Né en 1969, Gosseries se pose les mêmes questions que tous ceux ayant vécu un bout de leur vie socio-culturelle avant le formatage généralisé des médias, des musiques et même du public. Le XXIe siècle musical a-t-il déjà commencé? Peut-on dépasser le recyclage continuel et vraiment inventer du neuf? Si on veut que les choses changent, doit-on attendre que les jeunes se révoltent ou alors sinon faire bouger soi-même le schmilblick, à quasi 45 balais et avec bien souvent des gosses à charge? Ouvrir des brèches, montrer des voies possibles? Surtout ici? Gosseries: « Il faut tout de même garder à l’esprit que Bruxelles et la Belgique, ce n’est pas New-York, ce n’est pas l’Angleterre. Il n’y a pas cette culture où le dubstep se vend dans les supermarchés, où cartonnent les radios et les soirées qui passent une musique très pointue. En Belgique, en caricaturant, il y a peut-être 5 ou 6000 personnes qui sont vraiment ouvertes. Pour beaucoup de choses, on a un moment été une vraie plaque tournante mais depuis des années, ça stagne. En fait, on porte très mal notre « Union fait la Force », parce que l’on vit maintenant tous dans des petites niches, au sein de petites tribus. Si tous ceux qui ont quelque-chose à dire dans cette ville se retrouvaient et en parlaient ensemble, peut-être qu’il en sortirait quelque-chose qui irait à l’encontre de la standardisation de la musique, des boîtes et du public. Mais ce n’est pas le cas… »

Olivier Gosseries estime que la forme de clubbing vécue dans les années 80 est morte en 1999, avec la fermeture du Who’s Who’s Land. Cozzy Mozzy, le Dirty Dancing et le Libertine Supersport ont bien adapté cet esprit à une époque nouvelle mais tout le côté utopique, pointu et qualitatif aurait cessé d’être la priorité des nightclubbeurs et des gérants de discothèques quand les autorités ont fermé l’empire de Carl de Moncharline, rue du Poinçon. C’est de tout cela, de musiques, de mainstream, de bien d’autres choses, et même de jolies filles que parle notre podcast de la semaine. De révolution selon les vétérans, en d’autres termes.

BX-Hell Underground (8): 1986-2000, Olivier Gosseries by Focus Vif on Mixcloud

Un grand merci à l’équipe de FM Brussel et à Dan Mc Roll.

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