BSF J8: Louise contre-attaque, La Muerte fusille
Vendredi soir radieux sous les sunlights naturels du BSF, en contraste appuyé de la veille.
Un ami de trente ans, fonctionnaire à la Chancellerie du Premier Ministre, explique que la Reine travaille au Palais, sur la Place du même nom, rez-de-chaussée facade gauche côté jardin, alors que son royal époux occupe un espace côté public à droite. Pendant la prestation de The Shoes, groupe electro-français, on se prend à songer à une dynastique intervention, fenêtres ouvertes, beuglant poliment « c’est quoi ces infra-basses dans du Depeche Mode? ». Le chambellan explique alors que, sire, le groupe visé, Guillaume Brière et Benjamin Lebeau, sont reimois, emploient Jake Gyllenhaal dans le clip violent de Time To Dance, ont la moitié de l’âge de Dave Gahan et Martin Gore, et carburent d’abord à l’euro-sequencer frétillant. Le souverain, peu convaincu mais déjà las, referme alors le vitrage et s’en retourne aux dossiers pressants.
Autre conte pour grands enfants: La Muerte au Mont des Arts. Choc sémantique en soi et statue d’Elisabeth de Belgique tournée en direction de la Bibliothèque Royale, dos à la scène. Sur celle-ci, de l’encens, des bougies de sacristie troublée et un crâne annoncent la venue du plus anthropophage des groupes belges. Pour moi, cela doit bien faire 25 ans sans les voir en concert et là, les historiques quinquas Marc et Didier, rejoints par trois plus jeunes métalleux tatoués -Christian, Michel, Tino- c’est comme Metallica à Hasselt en 1991: moment rare où la tripe rock’n’roll est servie par des adorateurs d’acier dans une mutualité carnivore. La Muerte rêve du cauchemar ultime et de philosophie survivaliste via le carnage des us et coutumes. Et possiblement chez le chanteur, masqué d’un sac de jute qui ne facilite pas la respiration (…), de pousser à bout l’exercice de suffocation auto-érotique. Malsain mais bien.
Retour à la Place des Palais totalement comble pour Louise Attaque. Le soleil est là, comme la nostalgie. Même si le groupe tente -officiellement- de l’éviter, il ouvre le bal avec Ton invitation, hymne à l’amour raté au centre du premier album éponyme paru en 1997. Toujours l’une des ventes historiques du disque en France avec près de trois millions de copies, il est egrené ce soir en une demi-douzaine de titres qui reçoivent l’ovation circonstantielle. L’autre référence de la soirée -qui survole Comme on a dit et A plus tard crocodile- tient à la galette de retour de février 2016. CetAnomalie livré après une décennie de pause où clairement, l’expérience solo de Gaëtan Roussel densifie la sonorité originelle du quatuor devenu trio -le batteur n’a pas suivi- monté en quintet pour la scène. Avec un claviériste qui additionne des couches, un peu comme dans les travaux mille-feuilles de Bashung, influence notable d’un titre telle que L’insouciance, récit adulte de tout ce qui ne l’est plus, vu l’état caractériel du monde. Assez loin de ce morceau de fin de set, J’t’emmène au vent, vintage de 1997 et symbolique d’une époque d’insouciance aujourd’hui mal barrée.
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