Au Revoir Simone au Botanique: poupées de cire, poupées de (bon) son
Au Revoir Simone a rempli d’insouciance et de bonne humeur la scène du Botanique samedi soir. On fredonne encore les chansons sautillantes de cette belle soirée.
Trois jolies filles à frange et robes mignonnettes, les Simones n’ont pas beaucoup changé. Il y a onze ans, les musiciennes parcouraient déjà le monde, claviers sous le bras. La candeur sourit toujours au public, les voix répondent de leur douceur. Le temps s’arrête quelques instants quand on voit leurs jolis minois arriver sur scène. Les yeux pétillent. Bonsoir, Simone.
L’organisation scénique se fait le reflet de leurs compositions. Korg, Nord Electro et Roland – une rangée de claviers et trois micros. Chevelure blonde, brune, noire. Minimalisme et éclairages pop art. L’esthétisme graphique dessine les contours du tableau de scène. Et pour débuter son live, Au Revoir Simone choisit More Than, la première chanson de leur nouvel album. L’ambiance est à la pop ingénue murmurant ses paroles sucrées. Le public hoche la tête, sourire aux lèvres. Elles sont belles ces Américaines, et elles chantent avec plaisir.
L’originalité n’est en revanche pas l’atout de ce dernier album, Move In Spectrums. Les morceaux n’ont pas l’impulsion musicale des précédentes productions. Mais peu importe, l’on se prend quand même à divaguer délicieusement vers des souvenirs estivaux et des rêveries doucereuses.
Le live aurait pu continuer ainsi, sur des airs bons enfants qui plaisent quelques instants… mais qui lassent, inévitablement. Just Like A Tree ou Let The Knight Win laissent encore planer ce berceau affectueux, cocon de tout à chacun. Et maintenant? On s’ennuie, mesdemoiselles. Et l’on voudrait vous voir danser, sauter sans que rien ne vous retienne. L’étrange regard d’Annie Hart attire autant qu’il effraie, subjugue autant qu’il repousse. Il traverse la foule et la survole. Prédatrice envoûtante aux longs cheveux raides. Et l’image sert l’émotion: les chevelures remuent d’avant en arrière, véritables métronomes capillaires. On n’ose à peine sautiller, on ne sait plus comment se tenir.
Mais Only You Can Make You Happy arrive et signe le tournant vers l’âge adulte. Un virage exquis. Les voix des New-Yorkaises s’harmonisent avec des choeurs canoniques plus profonds et la voix d’Erika Forster qui répète le mantra « Only you can make you happy » ébauche enfin la vraie valeur d’Au Revoir Simone. Anywhere You Looked est alors bienvenue: guitare à la main, Annie Hart se laisse enfin aller. Le rythme est plus entraînant, les mélodies s’envolent et les cheveux se décoiffent, un peu. Nos hanches se surprennent à suivre l’insouciance du live, et elles s’amusent alors, à droite, à gauche. La tête leur répond. Le public en redemande. Un rappel, bien que trop évident, nourrit ces instants bien lancés. Trois chansons viennent conclure ce live sucré, dont un Knight Of Wands qui clape et qui tape. L’Orangerie avait le goût d’une saveur acidulée ce soir-là.
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