AB et Bota, comme une odeur de rentrée… (2/2)

FocusVif.be Rédaction en ligne

Alors que la saison des festivals se clôture, les deux emblématiques salles de la Capitale s’attèlent à remplir leur agenda automnal. Rencontre avec leurs programmateurs. Après Kurt Overbergh (AB), c’est au tour de Paul-Henri Wauters du Botanique de s’y coller.

On parle de rentrée télé, cinéma, etc. Et pour une salle de concerts, quelle importance a cette rentrée?

Il y a une double tendance contradictoire dans la programmation des concerts. D’un côté, la disponibilité de plus en plus permanente des groupes (week-end, vacances scolaires, été, etc.) et, en même temps, un mouvement qui concentre cette offre sur quelques périodes. La principale est l’été, mais ça ne nous concerne pas. Ensuite vient novembre, avec ses longues soirées et l’envie des gens de sortir à l’approche des fêtes. Et puis, il y a la rentrée… C’est encore une troisième dimension, comme le printemps qui héberge les Nuits. On y relance une dynamique dans une zone trouble où se croisent les dernières secousses de l’été -Family of the Year ou Kimbra, par exemple- et les artistes de la rentrée. Mais les choses ont changé. Avant, les fêtes représentaient l’occasion propice d’offrir un disque et la rentrée était alors plus porteuse de groupes qui allaient réaliser leur économie du disque à la fin de l’année. Ce n’est plus le cas, musique dématérialisée oblige. Avec tout ça, la période de la rentrée reste importante mais s’est un peu vidée de son concept.

Et comment se remplit l’agenda? En arpentant les festivals d’été?

Statistiquement, pour beaucoup de groupes, les festivals sont un élément de clôture de la tournée. Ceux qui jouent en septembre, c’est plutôt la nouvelle vague, sauf les dernières secousses dont j’ai parlé. Donc, en tant que programmateur, aller en festival, ça ne permet pas de programmer mais plutôt de voir des groupes qu’on a souvent déjà eu, le printemps (période des Nuits Botanique, ndlr) étant le laboratoire de l’été.

D’où vient la programmation alors?

Elle est déjà en gestation depuis le mois d’avril. Ce sont des propositions, on ne va pas chercher des choses sauf quelques coups de coeur. Chez nous, on fait jusqu’à 500, voire 600 groupes par an. Donc souvent on les connaît. Ça se joue à la confiance et à la collaboration sur le long terme. C’est important de ne pas sacrifier complètement aux sirènes de la hype. Par exemple, We Have Band (22/09), Electric Guest (24/09) ou Malcom Middleton (16/09) veulent revenir, ils sont à la maison, c’est de la bonne musique. Et cette fidélité a un effet sur le public. Il y a des gens qui reviennent en amenant des amis et ça crée une forme d’interactivité. Sans pour autant négliger les nouveautés, comme Cold Specks (30/09), Frightened Rabbit (3/10) ou Gaggle (23/09).

Là, on parle de collaboration avec les groupes. Mais, quelle relation avez-vous avec les différentes salles bruxelloises, l’Ancienne Belgique plus particulièrement?

C’est marrant parce que récemment, j’ai vu Of Monsters And Men à l’AB. Tout de suite, je me suis dit: « Mince, pourquoi on n’a pas fait ce truc-là? » Ça aurait été d’une énorme fraicheur dans le rayon pop qu’on pratique pas mal. Sinon, c’est clair que Kurt (Overbergh) et moi nous appelons fréquemment. On s’aide mutuellement. Le projet AB/Bota est important, autant pour y faire jouer des groupes francophones que néerlandophones. Parce qu’il ne faut pas oublier nos missions de soutien de la créativité dans nos communautés respectives. On essaie toujours de travailler en complémentarité. Comme sur la gestion des niveaux sonores, histoire d’éviter les cirrhoses de l’oreille à nos publics.

Au niveau du contenu-même de la programmation de cette rentrée, s’il faut choisir trois fiertés, lesquelles?

Pfff, difficile à dire… (Il réfléchit). J’ai vu Kimbra l’autre jour et c’est vraiment chouette. A 22 ans, elle a une voix qui frappe là où Björk pouvait frapper dans l’aigu mais aussi une touche soul des grandes chanteuses jazz de l’époque. Sinon, j’aime beaucoup ce que fait Malcom Middleton. Il y en a beaucoup d’autres: Teitur (19/10), Monogrenade (31/10), Françoiz Breut (23/10)…

Elle qui avait rejoint Frànçois & the Atlas Moutains (3/11) sur scène durant les Nuits…

Ah ceux-là, c’est mon petit joker. Ils sont confirmés. C’est vraiment un groupe extraordinaire sur scène. Comme BRNS, c’est bien ça! On travaille beaucoup avec eux. Avec nos partenaires, on a l’habitude de demander aux jeunes groupes francophones: « Voilà, qu’est ce qu’on peut faire pendant un an ou deux pour vous suivre? » et de les soutenir ensuite. On a fait ça aussi avec Great Moutain Fire.

Et pour finir, une déception ou une opportunité manquée?

Poliça, je les avais trouvés extraordinaires à Dour. Ils ne voulaient pas faire une deuxième fois une salle semi-assise. Ils préfèrent une salle debout, ils joueront donc à l’AB. Par contre, on aura The Bots, ils viennent de confirmer… En tout cas, tant qu’il y aura des salles comme l’AB, le Bota et les autres, on aura toujours une offre musicale de niveau. On a vraiment beaucoup de chance d’avoir ces joyaux à Bruxelles.

Kevin Plasman (stg)

Cet article est la suite du papier consacré à Kurt Overbergh de l’Ancienne Belgique.

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