Webdocumentairement vôtre, partie 2

Fort McMoney, plus qu'un webdoc', un jeu qui informe et passionne. © Capture d'écran
Elisabeth Debourse Journaliste

Suite et fin de notre sélection de webdocumentaires: cette semaine, nous vous présentons le plus vertigineux, le plus anticipateur, le plus interactif, le plus nostalgique et le plus… « rouli-roulant ».

La semaine dernière, nous vous proposions la première partie de notre sélection de webdocumentaires, ce format informatif et interactif taillé pour le web. Après Alma et son adolescence dans les gangs, les treize prisons de Cañon City ou encore la cyber-guerre de Netwars, découvrez cinq nouveaux documentaires 3.0 qui valent le détour.

Le plus vertigineux

Highrisecreuse dans 2 500 ans d’Histoire à la verticale pour nous rapporter un webdocumentaire qui démontre et interroge notre propension à vouloir vivre toujours plus haut. Des habitations circulaires de Tulou aux buildings de la fourmillante et vertigineuse Shanghai, le webdoc’ nous emmène sur les toits du monde.

En matière d’interactivité, le projet touche également les cimes. Vous vous rappelez de ces livres d’enfants, où il faut tirer des languettes dans tous les sens? Et bien Highrise, c’est un peu pareil. Le webdoc’ poétise en nous mettant à contribution. Mais on peut aussi s’installer confortablement et contempler les quatre chapitres de ce documentaire, tout simplement.

Bonus:Highrise est réalisé à base de superbes images d’archives du New-York Times.
Highrise
Highrise© Capture d’écran

Le plus anticipateur

Black-out. La ville pète un plomb. Quand on découvre que c’est en réalité le monde tout entier qui est privée d’énergie et donc plongé dans le noir, notre civilisation telle que nous la connaissons est au bord de l’apocalypse. Collapsus joue le jeu de l’anticipation et nous plonge dans un monde où nos réserves d’énergie ont atteint un seuil critique. En parallèle d’un récit mêlant bande-dessiné et vidéo, on retrouve un journal en ligne sans cesse actualisé au fil de la narration et une carte évolutive de l’état des ressources énergétiques.

Bonus: Le côté fictionnel, encore très peu utilisé dans le format webdocumentaire (même si les protagonistes, et cela se voit, sont des acteurs amateurs).
Collapsus
Collapsus© Capture d’écran

Le plus interactif

Fort McMoney a fait grand bruit l’année dernière. Et pour cause, le webdoc’ est à la fois un documentaire passionnant et un jeu immersif, où tout est néanmoins réel, ce qui en fait probablement la réalisation la plus innovante dans le domaine à ce jour. Dans cette enquête sur les mines de pétrole au sein d’une ville où l’argent coulerait à flot, toutes vos actions auront une influence sur votre expérience. Il vous faudra ainsi multiplier les rencontres et récolter des indices pour créer votre propre histoire, votre propre Fort McMoney.

Bonus: Le charmant accent canadien de la narratrice.
Fort McMoney
Fort McMoney© Capture d’écran

Le plus nostalgique

Pinepoint est un autre webdocumentaire sur une autre ville canadienne, mais si particulier qu’il fait figure d’ovni dans le genre, pourtant déjà bien singulier. Mike Simon a visité le bled du Nord à l’âge de neuf ans, pour une compétition de hockey sur glace (très « cliché-caribou », mais c’est la stricte vérité). Devenu adulte, voilà qu’il s’interroge sur ce qui a bien pu advenir de cette petite bourgade perdue au beau milieu des pins canadiens. Ses souvenirs et ceux des « Pine Pointers », il les a compilés dans un album photo interactif qu’on a envie de poser sur ses genoux, pour mieux en retourner les photos et caresser les objets qui y sont collés. En explorant la mémoire des habitants de cette ancienne communauté minière, Pinepoint interroge notre façon de nous remémorer le passé, de le rendre vivant malgré les années qui s’écoulent. Ce webdocumentaire est un petit bijou de poésie et de bizarrerie, dont on ne se lasse pas de tourner les pages.

Bonus: L’univers sonore onirique de Pinepoint est l’un des points forts du documentaire. Il a en partie été composé par The Besnard Lakes, un groupe indie québécois dont l’un des membres était un camarade de classe de Simon.
Pinepoint
Pinepoint© Capture d’écran

Le plus « rouli-roulant »

1966, un engin diabolique a envahit Montréal; le « rouli-roulant », plus connu de notre côté de l’Atlantique (et partout ailleurs) sous le nom de skateboard. Il y a cinquante ans, le cinéaste Claude Jutra décide de réaliser le premier film sur ce qui était à l’époque un symbole puissant d’anticonformisme. Aujourd’hui, le skate, bien que devenu un sport reconnu, garde cette image rebelle, forever young. Près d’un demi-siècle après l’oeuvre de Jutra, quatorze réalisateurs des quatre coins du monde ont été invités à livrer leur version du documentaire. De L.A. à Johannesburg, on (re)découvre à travers The Devil’s Toy le skate, un mode d’expression universel dont le langage varie selon les cultures.

Bonus: La mise en chapitre (cités, skaters, planches, espaces, confrontation, résistance, résignation et insoumission) de tous les reportages, qui suit la structure du documentaire originel.
The Devil's Toy
The Devil’s Toy© Capture d’écran
Le monde du documentaire interactif fourmille de créations originales et innovantes. Voici dix webdocumentaires supplémentaires pour poursuivre vos découvertes:
  • Un projet d’interviews mené par David Lynch himself.
  • Un webdocumentaire sur les mines de charbon chinoises et une belle leçon de vie par la mme occasion.
  • Soul Patron, un webdoc’ contemplatif sur le Mizuko Jizo et le Japon.
  • Copa Para Quem?, une réalisation belge sur les dessous de la Coupe du monde au Brésil.
  • Le Guardian a réalisé un webdoc’ sur la famille Holmes, dont les photos prises pendant un feu de forêt ont fait le tour du monde. A visionner ici.
  • The Iron Curtain Diaries revient sur le rideau de fer qui a séparé l’Europe en deux.
  • La radio Le Mouv’ s’est également essayée au documentaire en ligne avec Punk Me. Réveillez le punk qui sommeille en vous, vous n’allez pas être déçu!
  • No Es una Crisis est un webdoc’ humain et complet pour comprendre les conséquences de la crise en Espagne.
  • I Love your Work dresse les portraits de neuf jeunes femmes travaillant dans l’univers du porno lesbien. Son accès est payant.
  • Redfern est un quartier en périphérie de Sidney. Il y a quatre ans, ses habitants, des aborigènes, ont été sommés de quitter leurs maisons. The Block part à la rencontre de ceux qui ont laissé derrière eux la drogue et le crime, mais aussi leurs souvenirs et leurs racines.

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