Critique

The Witness, challenge cérébral

The Witness © Thekla Inc.
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Créateur de Braid, Jonathan Blow abandonne le gamer sur une île inhabitée dans The Witness. Un puzzle game insulaire aux énigmes douées, mais vides de sens.

Le succès fulgurant que Jonathan Blow rencontrait il y a huit ans a enfanté une génération de créateurs indé inédite dans l’histoire du jeu vidéo. Aux côtés de quelques autres auteurs, dont Jenova Chen, le quadra est d’ailleurs considéré comme un des piliers du gaming indie. Braid, son platformer culte, déroulait ainsi des mécaniques temporelles futées en 2008. Mieux, il grattait les aspérités des relations amoureuses avec doigté. Evoluant toujours sans le financement d’un éditeur, le développeur revient aujourd’hui aux affaires avec The Witness. Soit un puzzle game sous forme d’aller simple vers une île abandonnée et inhabitée.

Evénement de ce début 2016, la deuxième création de Blow mène donc une vie d’ermite a priori misanthrope. Le Californien, auteur d’un portage de Doom, garde cependant une foi indéfectible dans l’intelligence humaine. Nulle aide textuelle ne trouble ainsi la pureté de The Witness. Sans indice ni carte, le joueur explore d’ailleurs à la première personne une île ouverte et terriblement muette. A peine troublée par des grincements sporadiques de mécanismes secrets.

Une clé, une porte. Au propre comme au figuré, la progression insulaire du gamer est conditionnée par un cheminement furieusement classique et linéaire. En pratique, ce dernier fige l’action du FPS à tout moment pour se pencher sur des tablettes où il trace des traits dans des labyrinthes. Ces lignes aux airs de Snake de Nokia devront par exemple isoler des pastilles noires et blanches ou rejoindre un nombre donné de checkpoints avant d’atteindre la sortie. Frappés d’une difficulté allant du simple au très difficile, les 600 puzzles dansent avec talent à travers une quinzaine de lieux entre village perché, jardin zen et autre temple désertique.

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Boîte à malices

Lorsqu’il ne s’amuse pas à glisser des faux bugs graphiques augmentant la difficulté de ses énigmes, Blow pousse aussi à la réflexion non conventionnelle. Think outside the box. La devise anglo-saxonne résonne lorsque des éléments a priori anodins comme l’angle de vue des (terribles) tablettes ou leur réflexion au soleil entrent aussi en jeu. Mémoriser des schémas à redessiner en sens inverse sur une ardoise est aussi parfois nécessaire. Si bien qu’on se surprend à développer des moyens mnémotechniques dignes de noeuds marins…

Aussi futé soit-il dans l’exécution de ses énigmes (dont les techniques finissent par se mélanger), The Witness souffre malheureusement d’un profond ennui. Activer des lasers qui pointent vers une montagne soulève certes des questions au début. Mais le mystère fait place au vide. Malgré des enregistrements audio et vidéo philosophiques traitant de zen attitude ou de spiritualité, le titre manque de clarté narrative et passe à côté de son sujet. Un huis clos loin d’être aussi passionnant que le propos transhumaniste de Thalos Principle ou la torture psychologique de Portal.

ÉDITÉ ET DÉVELOPPÉ PAR THEKLA INC., ÂGE: 3+, DISPONIBLE SUR PC ET PLAYSTATION 4.

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