Critique

Shadow Warrior, le come-back réussi d’un classique 90’s

Shadow Warrior © Devolver Digital
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Duke Nukem ratait son come-back, il y a trois ans. Les yeux en sang, son frère asiatique exporté des 90’s répare l’erreur à coups de katana savant.

Dernier survivant d’un groupe de quinze yakusas que le joueur vient de hacher menu au sabre, un garde du corps en costume cravate hurle sa stupeur et son incrédulité avant de rejoindre ses frères au paradis des nouilles déshydratées. Une fontaine de sang over the top. Sorti en 1997, Shadow Warrior n’a pas attendu le Kill Bill de Tarantino pour honorer les films d’action asiatiques de série B. Coup de théâtre. Après deux décennies d’absence, le first person shooter bridé et confidentiel des pères de Duke Nukem rallumait la flamme l’an dernier sur PC. Jouant du sabre sur consoles next gen depuis peu, Lo Wang, son héros, tranche avec ses contemporains.

Premier coup de bambou. Contrairement à un Battlefield de consommation courante, Shadow Warrior rend délibérément sa prise en mains irréaliste. Ses déplacements hyper rapides dopent des combats dantesques. Le jeu exhumé par Flying Wild Hog avance comme sur un tapis roulant même lorsqu’on monte un escalier. Contrairement à un Call of Duty, Lo Wang n’a pas besoin de s’entourer de scènes scriptées pour épater. Il est le script.

Tout en couloir, le jeu qui tache impose ainsi une expérience frénétique et spectaculaire sans balancer, toutes les dix minutes, des collisions de porte-avions contre des sous-marins nucléaires façon Call of Duty. Pour y arriver, son gameplay oblige ainsi à une prise en mains entre katana savant et armes à feux hyper démonstratives.

Découpe parfaite

Coup d’estoc puissant, rotation à 360 degrés, tranchage à distance… Demandant une manip spéciale à la manette, les coups de lame savants sont vitaux face aux dizaines de démons qui saturent fréquemment l’écran. Des monstres protégés par des boucliers. Des chimères volantes cracheuses de feu. Des coureurs au ventre débordant d’acide. Bariolé et inspiré, le bestiaire satanique assure joyeusement le show. Aucun répit. Des démons patauds et puissants accouchent d’ennemis à l’infini tant qu’on ne les a pas occis. On tremble presque, manette en mains.

Soumis à la recherche d’artefacts cachés et à une récolte d’argent via un looting incessant, l’arbre des compétences magiques du héros déploie une progression parfaitement dosée. La vitesse des soins, délicats à déclencher en combat, s’améliore. La course du héros, essentielle face aux armées vomies de l’au-delà, aussi. Bourrin mais pas bête, le jeu gagne ici en finesse.

Bercé de shamisen, un instrument à corde traditionnel japonais, Shadow Warrior multiplie les saynètes kitsch. L’impression de visiter une échoppe discount chinoise (trop) brillante domine. Entre sabre mystique, monde parallèle satanique et méga corporation, son scénario un peu bidon colle à la peau. Le patriotisme US et le machisme de Duke Nukem sortaient d’outre-tombe il y a trois ans. Bancale, la résurrection de la brute cool de feu 3D Realms (par Gearbox) soufflait gentiment sur les braises des FPS arcade des années 90. Shadow Warrior a, lui, rallumé la flamme.

  • ÉDITÉ PAR DEVOLVER DIGITAL ET DÉVELOPPÉ PAR FLYING WILD HOG, ÂGE 18+, DISPONIBLE SUR PC, PLAYSTATION 4 (VERSION CHRONIQUÉE) ET XBOX 360.

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