SensCritique: mémoire culturelle et culture sociale

Capture d'écran SensCritique. © DR
Tanguy Labrador Ruiz

Facebook, Twitter, Instagram, Google+, Pinterest, Tumblr, Youtube, Snapchat, Linkedin… À l’heure où les réseaux sociaux pullulent et prolifèrent, l’un d’entre eux se veut être la référence absolue dans le domaine culturel: SensCritique.

Basé sur un des principes de communication les plus anciens de l’histoire de l’humanité, le bouche-à-oreille, ce réseau social propose à ses utilisateurs de se plonger dans la culture de bien des manières. Le principe de base est celui de la collection culturelle: chaque membre a la possibilité d’attribuer une note entre 1 et 10 aux oeuvres culturelles présentes sur le site. Films, séries, livres, musique et BD peuvent ainsi être évalué, avec pour objectif final de noter toute oeuvre connue et d’ainsi se constituer une véritable « mémoire culturelle ». Chaque oeuvre possède ensuite une note moyenne, qui donne une idée générale de sa qualité. Comme sur tout réseau social, il est possible de suivre d’autres personnes, qui sont ici appelée des éclaireurs et avec qui il est possible d’échanger des messages. La note de chaque éclaireur ainsi que la cote moyenne de la totalité de ceux-ci est également affichée pour chaque oeuvre, ce qui permet d’avoir un deuxième avis, basé sur le critère plus précis de l’affinité (ou de la différence) culturelle que l’on a avec d’autres personnes

Ouvert en 2011 au grand public, SensCritique a été fondé par des anciens créateurs de Gamekult. Alors que l’offre de la culture a explosée avec l’apparition d’internet et des nouveaux médias, il est devenu aujourd’hui parfois difficile de s’y retrouver, tant les possibilités dans chaque univers culturel sont fournies. Comment choisir entre les dizaines d’ouvrages qui sont parus sur les Beatles? Par quel film d’Akira Kurosawa commencer? Ce nouveau jeu vidéo vaut-il la peine de débourser 60 euros alors qu’il y en a 5 autres qui sont des valeurs sûres? Comment choisir entre Coq de Combat et Ippo, deux mangas avec un nombre interminable de tomes et qui constituent un investissement considérable?

Autant de questions auxquelles SensCritique propose de tenter de répondre, notamment grâce à son système de critiques. Chaque utilisateur peut en effet s’improviser journaliste, chroniqueur, critique littéraire… Et partager son avis, sans aucune autre restriction que celle(s) dictée(s) par son opinion personnelle. Et certains se révèlent au moins aussi doué que les professionnels du métier, la platitude de « l’objectivité » en moins et la subjectivité jouissive de pouvoir exprimer leur ressenti en plus, que ce soit avec humour, cynisme, philosophie ou même avec colère. Avec, comme sur tout réseau social, les dérives que cela peut parfois engendrer.

Post-it numériques et ludiques

Autre atout pratique, le système des listes. Celui-ci permet de créer des listes, ordonnées ou non, avec les oeuvres de son choix. Un outil aux avantages évidents, qui peut servir à des fins toutes personnelles (journal de bord, pense-bête…) mais surtout au bien de la communauté. Lorsque des puits de connaissances établissent des listes comme Les perles méconnues du cinéma japonais comtemporain ou Grâce à Youtube vous pouvez découvrir ces films, chacun pourra passer des heures à faire de nouvelles découvertes. Un système qui est également propice à l’humour et la dérision, comme le montre bien #DescribeYourPenisWithAMovie ou Si la fille avait été moche, il n’y aurait jamais eu d’histoire.

Un système de sondage est également disponible. Chacun peut ainsi s’essayer à choisir Les meilleurs morceaux pour rouler la nuit, Les plus belles pochettes d’album ou encore Les meilleures séries avec un anti-héros, pour ensuite permettre à tous de se faire une idée sur la question.

Financement passif

Un réseau social qui ne prend pas le risque de s’opposer aux poids lourds du milieu, mais qui a été pensé pour leur être complémentaire. Il est ainsi possible de s’inscrire avec son compte Facebook, et de partager son contenu SensCritique sur son profil, tout en retrouvant ses amis déjà inscrits par la même occasion. Twitter est également compatible. Mais surtout, des liens Spotify sont disponibles depuis chaque morceau et albums présents sur la plateforme de streaming. Un moyen rapide et efficace de se faire une idée lors d’une nouvelle découverte.

Il est permis de s’inquiéter quant au futur des données personnelles de chaque utilisateur. En effet, lorsque on a noté avec précision l’ensemble des films que l’on a vu, ou que l’on a bien rempli sa liste d’achat, il serait facile pour un publicitaire de connaître avec précision nos goûts et nos envies. Et pourtant, l’écueil semble avoir été évité. Utilisant le principe du native advertising, SensCritique ne dispose aucune publicité intrusive sur son site. Celles-ci sont toutes issues du milieu de la culture, et il faut cliquer dessus volontairement pour les afficher entièrement. Un système d’affiliation est également présent, dès lors, il est possible de commander un DVD ou un livre directement depuis le site. Dernier point, le système des privilèges, qui propose aux membres de remporter des places de cinéma, des coffrets DVD ou d’autres objets culturels lorsque une nouveauté est listée dans les envies de celui-ci. Un moyen comme un autre de mettre en avant des annonceurs culturels, qui financent le site, tout en faisant plaisir à l’internaute.

À heure actuelle, le réseau social compte 1.7 millions de visiteurs uniques par mois, plus de 230.000 éclaireurs potentiels lors de l’inscription, 27 millions de notes sur des oeuvres et des centaines de milliers de listes et de participations aux sondages. Pour le futur, le site se tourne vers le mobile avec une application qui arrivera sur iPhone et Android. Toutefois, aucune date n’est encore confirmée.

Outil pratique et ludique, SensCritique peut se révéler être à double-tranchant: tout comme le Facebook addict poste toute sa vie sur sa timeline, ce réseau culturel peut inciter à noter tout et n’importe quoi pour gonfler ses statistiques. Et tout comme sur Facebook, des aberrations y sont parfois écrites. Le sens critique reste de mise, donc.

Davantage d’informations et inscription.

5 éclaireurs à suivre

Torpenn: Un vieux de la vieille, cinéphile, collectionneur de BD et mordu de lecture, il se décrit lui-même comme un « listeur fou ». On cautionne ses prises de position ou on les déteste, mais ses avis sont souvent à son image: bougons. Une référence parfaite pour ceux qui veulent découvrir le cinéma classique et découvrir comment Tintin peut être détourné de bien des manières.

LeYéti: Avec ses 3414 abonnées, ce membre fédère une large communauté de SensCritiqueurs derrière ses nombreuses critiques. Gamer assidu et cinéphile ludique, ses avis suivent en général ceux de la majorité. Utile pour avoir un avis construit sur de nombreuses oeuvres.

BodieBroadus: Le spécialiste hip-hop, toutes époques et branches confondues, aux critiques sans concessions et qui n’a pas peur de descendre le dernier truc à la mode à grands renforts d’arguments techniques implacables, et à raison. Ses analyses sont souvent assez poussées et portent sur le rythme, les paroles, la cohérence des morceaux entre eux… Idéal pour découvrir le jargon du milieu hip-hop, et se plonger dans cette culture très dense et aux nombreuses sorties.

Gothic: Mordu de jeux vidéo, il est également friand de musique et de cinéma. Moins catégorique dans ses critiques que les autres membres de ce top, il est ce qu’on pourrait appeler « un bon généraliste culturel », qui touche à tout et n’hésite jamais à partager son avis via une critique. Il joue beaucoup sur le côté social du site, avec des listes participatives ouvertes à tous. C’est le mec avec qui on irait volontiers au ciné, sans craindre de voir son opinion démontée à la fin de la séance.

Gallu: Intellectuel revendiqué mais jamais prétentieux, ce fervent philosophe est également un cinéphile aguerri. C’est là tout l’intérêt du personnage: ses connaissances aigues en sociologie et philosophie lui permettent d’apporter un regard différent sur les films qu’il commente. Il prend d’ailleurs souvent goût à suggérer des ouvrages à lire en parallèle des films dont il parle. Un bon moyen d’aller plus loin dans son éducation cinématographique et de se construire des grilles de lecture efficaces.

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