Critique

Samorost 3, cabinet de curiosités

Samorost 3 © Amanita Design
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Samorost 3 élargit les visions folles des Tchèques d’Amanita Design. Un point & click à la plastique incroyable mais au gameplay entendu.

S’isoler un long week-end pour cueillir des champignons dans la campagne tchèque est une activité que le collectif pragois d’Amanita Design affectionne. Semées il y a (déjà) treize ans, les miniatures naturalistes et hallucinées de leur Samorost traduisaient d’ailleurs à merveille cette passion botanique. Printemps oblige, ce jeu d’aventures sous forme de point & click halluciné ressort de terre ce mois-ci pour un troisième épisode. Le studio précurseur de la vague indé y cultive encore ses visions végétales et fantasmagoriques. Un jardin extraordinaire quelque part entre les microplanètes du Petit Prince et les chimères animales de Jérôme Bosch.

Malgré les apparences, le monde assoupi de Samorost 3 grouille d’événements imprévus et jubilatoires. Chatouiller le nez d’un fourmilier stupéfait. Taquiner des chauves-souris agrippées aux racines d’un céleri géant. Se planquer dans un terrier pour sauter, puis chevaucher par surprise le dos d’un cabri évanescent. Les mille et une interactions du monde en suspension d’Amanita Design ne débloquent pas forcément ses nombreuses énigmes. Mais elles sourient.

S’explorant très simplement à la souris, ces tableaux tapissés de végétations mortes parfois recouvertes de mousse augmentent leur difficulté face à ceux de leurs prédécesseurs. Le titre bricolé de troncs d’arbres secs et de branches épineuses déploie ainsi des casse-tête entre logique pure, déduction et mémorisation d’images. Plus nombreux et denses que sur les deux précédents opus, ces problèmes se lovent dans des scènes poétiques et musicales rares. L’inventaire du gamer héberge ainsi une clarinette se combinant fréquemment avec les nombreux gaz, souffles et soupirs du jeu.

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Coller l’instrument sur la bouche d’une tortue au dos tapissé de papier bulle capte ainsi son souffle et ouvre un nuage onirique au-dessus d’elle. Cet écran de fumée qui tranche avec l’incroyable rendu du jeu (entre collage photo et film d’animation) dessine brièvement un schéma indiquant les protubérances exactes que le gamer devra enfoncer pour que la bête libère le passage. Discret mais omniprésent, le rythme musical se traduit également par des antennes de mythes poilues ou des têtes de salamandres multicolores qu’il faudra respectivement titiller et caresser dans un ordre précis pour progresser.

Ardu mais pas impossible, Samorost 3 demande souvent un raisonnement out of the box et réserve des moments jubilatoires. On retiendra ainsi ce jeu de cartes dont les habitants et les animaux sortent du cadre pour interagir entre eux. L’aventure furieusement imaginative ne souffre finalement que d’un lien de parenté trop évident avec les deux premiers épisodes. On aurait préféré voir la créativité débordante d’Amanita mise en service d’un projet neuf. A l’image des impeccables Machinarium et Botanicula.

ÉDITÉ ET DÉVELOPPÉ PAR AMANITA DESIGN, ÂGE: NC, DISPONIBLE SUR PC ET MAC.

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