Critique

Not a Hero: vote ou crève

Not a Hero © Devolver
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Réglant ses problèmes politiques à coup de pruneaux, BunnyLord invite le gamer sur Not a Hero. Une campagne dont on ne revient pas indemne.

Du lapin de Donnie Darko à ceux que David Lynch figeait dans Rabbit (1), les lagomorphes ne sont pas forcément des êtres doux et insouciants. Avec BunnyLord, Not a Hero ronge lui aussi le côté obscur de la carotte en engageant la paire d’oreilles la plus psychopathe et bipolaire de l’Histoire du gaming. Le genre à demander au gamer de coller des affiches électorales -qu’il a fièrement coloriées- en plein Q.G. d’un cartel de la drogue qu’il faut également éradiquer, UZI à la main et clope au bec. Réélections nationales oblige, ce genre de sale boulot déborde sur le nouveau shooter des indés britanniques de Roll7. Le plaisir aussi.

Récompensée aux derniers Bafta pour les acrobaties skate d’OlliOlli, l’équipe londonienne de Not a Hero a assemblé ce trésor d’humour british en polishant sérieusement UrNotAHero, projet solo que John Ribbins (son actuel directeur artistique) sortait il y a deux ans. Autrefois grisonnant et porté par une simple histoire de gangsters, l’actuel titre au gameplay cynique prend ici des couleurs flashy. Le tout pour mieux cracher au visage du système politique qu’il vise.

Tiens ta droite

Exploser des plants de cannabis sur fond de dubstep, escorter une mamie avançant avec un déambulateur modifié (pour AK-47) mais aussi récupérer un Ghetto-blaster dont les morceaux assaisonneront un milk-shake psychédélique. Not a Hero multiplie les missions barges et borderline au service de l’image médiatique de BunnyLord. Un peu comme si Berlusconi, aidé de quelques potes de la mafia, avait décidé de réécrire le scénario de Moi, Député avec Will Ferrell.

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La fête organisée par le gang du Bunnylord’s Fun Club passe par la mise à sac, en vue de profil, d’immeubles dont on arpente les étages via des cages d’escaliers par dizaines. Un nettoyage proche du mythique Elevator Action de 1983 qui aurait croisé Gears of War. Se planquer, tirer et avancer. Not a Hero déploie heureusement des trésors d’imagination pour ne pas s’enfermer dans une boucle lassante. Le gamer ne peut ainsi se mettre à couvert qu’après une glissade qui devra obligatoirement s’arrêter près d’un mur. Un procédé aléatoire qui corse les débats.

De Yeezus, hispanique à la cadence de tir généreuse (mais imprécise), à Steve Cletus et son shotgun, la multiplication de personnages aux spécialités mémorables colore également ce massacre proche d’un Worms sous amphets. L’arsenal, tapissé de chats-bombes et autres pistolets laser (en clin d’oeil à Another World), crépite. Les passages épiques aussi. Projeté vers l’arrière du décor, on continue à tirer les bras tendus en l’air. Mille et une défenestrations suivent. Ménager des apparitions surprises au pied de l’ennemi en déboulant d’une cage d’escalier ou en ouvrant in extremis une porte déclenche des sourires. Un peu court sur pattes sur la durée, Not a Hero a même le bon goût de se parer d’interventions doublées dans des anglais colorés, hispanique et cockney. Des répliques cultes pour un jeu qui pourrait bien le devenir.

SHOOTER/PLATFORMER ÉDITÉ PAR DEVOLVER ET DÉVELOPPÉ PAR ROLL7, ÂGE: NC, DISPONIBLE SUR PC, PRÉVU SUR PLAYSTATION 4 ET PLAYSTATION VITA.

(1) OBSCURE SÉRIE TÉLÉ DE 2002 CASTANT NAOMI WATTS

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