Critique

[le jeu de la semaine] Hitman 3: all eyes on him

Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Hitman 3 remplit son contrat d’infiltration avec brio tout en dépoussiérant l’image du tueur à gages au cinéma. Souriez, vous êtes surveillé!

Flegmatique, méthodique et discret: le personnage du tueur à gages véhicule une foule de clichés au cinéma. Sa figure est toutefois plus complexe qu’il n’y paraît. Sur Pop en Stock (1), Claudia Jessica Dubé le rapproche d’un « existentialiste » au motif que « conscient de l’absurdité de son univers, il persiste à assumer son rôle en se distanciant de tout ce qui pourrait le rattacher à la vie« . Depuis le reboot de sa saga il y a quatre ans, l’agent 47 d’Hitman 3 sort toutefois de ces rails pour une croisade vengeresse ciblant ses ex-employeurs. Le tout pour fréquemment faire tomber des têtes planquées dans de (très) hautes sphères. Prêter un dessein politique au jeu d’infiltration d’IO Interactive relève de la surinterprétation. Mais l’ascenseur social étant bloqué, empoisonner un milliardaire au sommet d’un gratte-ciel olympien à Dubaï ou pousser, du haut de son manoir écossais, la matriarche d’un empire économique laisse songeur. Ce sentiment s’amplifie face à la nature du gameplay d’ Hitman 3. Ce dernier exige en effet d’étudier minutieusement le va-et-vient du personnel au service de chacune de ses cibles. Jardinier, cuisinier, gardien et autres hommes de main y vaquent à leurs occupations. Autant de routines dont il faut trouver le point faible.

Pan-pan, cache-cache

Le jeu d’infiltration exige de percer plusieurs cercles protégeant la cible finale en assommant (ou en tuant) du personnel pour subtiliser des uniformes. Mais des limitations enserrent ce postulat. Évoluer en ingé son ouvre le backstage, mais pas le poste de sécurité d’un club. Et même déguisé, tout comportement suspect (escalader un muret, pénétrer un bâtiment par une fenêtre…) éveille la suspicion. Au joueur, donc, de dénicher fissa un autre costume pour diminuer l’attention générale. Avec à la clef un risque supplémentaire…

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Ponctuées de situations absurdes (parfois involontairement drôles), ces libertés de mouvement conditionnelles se doublent d’une architecture intérieure à assimiler. Flamboyant et remarquable de complexité, chacun des bâtiments des six missions regorge de passages secrets et autres planques utiles, en attendant que l’alerte passe. Des mécanismes et objets par dizaines dopent aussi le champ des interactions. Du 180e étage d’un gratte-ciel à Dubaï aux serveurs tech d’une ville chinoise ultra surveillée en passant par une nage incognito dans une foule de clubbers d’un pseudo Berghain à Berlin: l’émerveillement est constant. Un peu de bonheur, en confinement.

S’il fait globalement l’éloge de la lenteur, Hitman 3 n’en varie pas moins son gameplay. Des coups d’éclats presque arcade -parmi les dizaines d’éliminations finales possibles- y sont autorisés tandis qu’une étonnante parenthèse en mode jeu d’enquête relève sa partition. IO Interactive maîtrise décidément l’art du déguisement, à tous les niveaux.

(1) Lire à ce sujet Le tueur à gages: la justice et son changement de paradigme de Claudia Jessica Dubé sur Pop en Stock

Hitman 3

Distribué par Square Enix, édité et développé par IO Interactive, âge: 18+, disponible sur Linux, Windows, Mac, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One Series X/S et Stadia. ****(*)

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