Critique

[le jeu de la semaine] Essays on Empathy

Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Observant le genre humain avec un rare talent depuis neuf ans, Deconstructeam revient sur ses meilleurs jeux avec Essays on Empathy.

William Faulkner, Gabriel García Márquez, Bertolt Brecht et Italo Calvino sont autant d’influences littéraires majeures sur le jeu vidéo indé. Ces quatre auteurs hantent respectivement Kentucky Route Zero, What Remains of Edith Finch, The Fallen et, concernant Calvino, un pan entier de la scène indie. Mais d’autres dynamiques épatantes tissent des liens entre livres et joysticks. Sur la forme, la nouvell e gagne ainsi du terrain, si bien que des recueils de jeux au format court se multiplient. L’horreur expérimentale (Stories Untold, CHAIN, Dread X Collection, Haunted PS1 Demo Disc…) dominait jusqu’ici ce terrain. Mais Essays on Empathy de Deconstructeam rebat les cartes.

Originaire de Valence, Deconstructeam a gagné les faveurs du public (et de Devolver, son label), il y a sept ans avec Gods Will Be Watching. Le gamer y aidait une équipe de scientifiques à survivre pendant 40 jours, en choisissant cinq actions toutes les 24 heures. Le succès de ce récit doublé d’un gamepla y cruel -le meurtre, pour le bien du groupe- a poussé Marina González (au pixel art), Jordi de Paco (au game design) et Paula Ruiz (à la musique) vers The Red Strings Club, en 2017. Transhumanisme, lavage de cerveau, intelligence artificielle et mixologie de cocktails se mêlaient dans une aventure intérieure cyberpunk brillante.

[le jeu de la semaine] Essays on Empathy

Gods Will Be Watching et The Red Strings Club se hissent comme les deux jeux d’aventure majeurs de Deconstructeam. Mais au fil de son parcours, ce trio a organisé une foule de petites virées tout aussi marquantes. Essays on Empathy rassemble neuf d’entre elles. Souvent lâchées à l’occasion de game jams (en particulier des Ludum Dare), toutes valent le détour. Eternal Home Floristry suit ainsi la singulière reconversion d’un ex-tueur à gages auprès du fleuriste attitré des gangs d’une mégapole. De son côté, 11.45 A Vivid Life se glisse dans la peau d’une jeune fille persuadée que son squelette n’est pas le sien.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Love, death, pixels

L’acceptation de son corps et la définition de l’humanité hantent les récits en pixel art de Deconstructeam. Sans oublier la peur de la page blanche. Essays on Empathy abrite ainsi Behind Every Great One, point & click traitant du harcèlement quotidien, lent et presque invisible d’un artiste envers sa muse d’épouse. Codé exclusivement pour cette anthologie, De Tres Al Cuarto -le dixième titre- explore lui aussi les arcanes de la créativité en suivant un duo de comédiens de stand-up un peu paumé. Furieusement original, son gameplay se déroule au fil de cycles où l’on monte sur scène tous les soirs. Les bonnes ou mauvaises réponses (à choisir parmi plusieurs) aux vannes de son partenaire offrent plus ou moins de points à dépenser pour améliorer un deck de cartes nourrissant lui-même un champ lexical à utiliser ultérieurement. L’inspiration et la motivation se sont taries l’an dernier pour Deconstructeam, qui a failli y laisser sa peau. De Tres Al Cuarto et la compilation qui l’accompagne les remettent de fort belle manière en selle. Notons toutefois qu’à l’exception de ce dernier, tous les jeux de cette anthologie (tarifée à 11,49 euros) se retrouvent gratuitement sur itch.io.

Essays on Empathy

Point & click. Édité par Devolver et développé par Deconstructeam, âge: 18+, disponible sur PC. ****

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content