Critique

Gran Turismo 6: Itinéraire d’un enfant gâté

Gran Turismo 6 © Sony
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Peu importe l’anachronisme technologique, GT6 ignore la PlayStation 4. En vraie diva, le jeu-fleuve enterre dignement la old gen.

Encore un rendez-vous raté pour Kazunori Yamauchi. Le boss de Polyphony Digital n’a jamais accompagné le lancement d’une console made in Sony de son séminal Gran Turismo. Les cinq épisodes principaux de la série ne collaient pas à l’arrivée en magasins des deux précédentes PlayStation, de la PSP et de la Vita. Egalement absent du catalogue de lancement de la récente PS4, le sixième volet de cette expérience de porn car ne déroge pas à la règle et préfère s’offrir un dernier tour de piste sur une PS3 mourante. Le titre aux vertus encyclopédiques pourrait jouer aux arguments de vente imparables pour la next gen nippone. Graphiquement peu démonstrative, cette dernière attendra. Derrière ce décalage auquel Sony semble s’être résolu, se cache la démarche maniaque d’un titre qui n’excite pas que les gamers: son importance gonfle ainsi dans le monde de l’industrie et de la compétition automobile.

Qu’importe le Web. BMW utilisait par exemple la sortie de Gran Turismo 6, il y a trois semaines, pour présenter « in game » -et en avant-première- sa M4 Coupé. Depuis six ans, la GT Academy transforme, elle, des joueurs en pilotes de course pros avec Nissan. Inédite à l’échelle du jeu vidéo, cette initiative « in real life » qui lançait Wolfgang Reip (un Belge) dans la cour des grands assied probablement le poids de Yamauchi face à son éditeur exclusif.

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Claque old gen

Manettes en mains, GT6 ne dérape heureusement pas comme un « vieux » jeu. Certes, des textures de décors apparaissent en retard. Des ombres d’objets en arrière-plan saccadent sec. Mais le festin visuel est au rendez-vous. Avec leurs effets de floutage en arrière-plan et leurs panos acrobatiques, les replays des courses font danser des bolides dont le comportement physique est plus vrai que nature. Exceptionnel sur le cinquième opus, ce paramètre a été affiné sur les suspensions et transferts de masse. Résultat, l’instant T où une Clio III RS commence à partir en dérapage se ressent. Pas qu’au volant. Aussi au joypad. Malgré des pneus crissant comme des dauphins égorgés vivants et un immobilisme irritant dans son gameplay, le phénomène sur roues happe et change. Un peu. Plus fluide, didactique et ergonomique dans l’achat et la gestion de ses véhicules, le jeu de rôle dopé par quatre nouveaux circuits (38 au total) se montre aussi moins généreux en termes de bolides remportés. Restrictif, aussi, face à la revente sur le marché de l’occasion.

Cette dynamique à contre-courant des cadeaux faciles d’un Forza Motorsport Horizon encadre intelligemment un des plaisirs essentiels de Gran Turismo 6. Car au-delà du self control mis à mal par le stress d’un dernier virage en course, la jubilation vient de l’essai, dans de merveilleuses conditions, de voitures que l’on trouve aujourd’hui en concession. Un plaisir de fan, uniquement assombri par l’absence (dans les 1200 véhicules proposés) de Dacia, Lada et Skoda. Un peu snob, Yamauchi?

  • ÉDITÉ PAR SONY CE ET DÉVELOPPÉ PAR POLYPHONY DIGITAL, ÂGE 3+, DISPONIBLE SUR PLAYSTATION 3.

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