Dead Space 2: Cadavre exquis
Sans effort, Dead Space 2 s’impose déjà comme un des meilleurs survival horror de 2011. Un trip SF dont on ne revient pas indemne.
Susciter l’inconfort et l’anxiété derrière les manettes est une science délicate. Peu de développeurs la maîtrisent. Aussi effrayant que l’antique Doom des années 90, Dead Space s’imposait comme un mètre-étalon du survival horror SF et next gen il y a un peu plus de 2 ans. Car les développeurs de Visceral Games savent qu’il ne suffit pas de déverser des hectolitres d’hémoglobine et d’agiter des monstres écorchés pour provoquer stupeur et tremblements chez le joueur.
Le périlleux exercice d’une suite pour ce shooter vu à la troisième personne n’était toutefois pas gagné. Si le studio aurait pu se contenter de dépoussiérer les farces et attrapes anxiogènes de son premier jet, il s’amuse désormais à casser les codes du jeu vidéo en transformant en piège à loup des zones de jeu habituellement sans danger. Au beau milieu d’une salle de sauvegarde et de recharge d’items, un nécromorphe laissé pour mort saute ainsi à la gorge du joueur tandis que le premier boss du jeu ressuscite après être tombé à terre. Un passage stressant d’autant que le combat contre ce crustacé géant et décharné aura rabaissé la barre de vie du joueur au plus bas.
Ces gimmicks singuliers ne sont toutefois pas les seuls à provoquer des rires nerveux purgeant la peur du joueur. La visite de la Méduse, mégalopole spatiale enracinée sur Titan (un des satellites de Saturne), se déroule ainsi en pleine contamination Alien. Et le joueur d’assister, impuissant, au massacre de civils au fil de sa progression. Visceral Games renforce d’ailleurs le pouvoir anxiogène de sa production en l’empêchant de leur venir en aide.
Stupeur et tremblements
Toujours traversé d’effets d’optique inquiétants entre éclairages clairs-obscurs, écrans LED géants stroboscopiques et douches anti-incendie paranos, Dead Space 2 fait preuve d’une mise en scène brillante servie par une gestion du son tout aussi phénoménale. Des cris étouffés transpirent des murs des quartiers de la Méduse. Là-bas, un lavoir automatique abrite une machine à laver qui en tournant laisse échapper une complainte. Plus loin, les cris d’un bébé répondent aux pleurs d’une mère désespérée tandis qu’un homme que l’on devine enfermé dans sa chambre nous menace à travers sa porte. Jamais élément extradiégétique n’a autant carburé dans un jeu.
Nettement plus rythmé que son prédécesseur, Dead Space 2 tourne le dos à son ambiance oppressante en dents de scie. Le joueur se retrouve donc avec nettement plus de munitions en mains que précédemment. Les armes qui tranchent toujours les membres des monstres horizontalement ou verticalement à distance se complètent désormais d’un pouvoir télékinésique. Dans les faits, on peut ainsi balancer (sans les prendre en main) des pieux ou tout autre objet contondant trouvé à terre… y compris des membres acérés de nécromorphes éliminés. Un artefact bien utile vu que les types de monstres alternent désormais déplacements et caractéristiques, entre vagues d’enfants véloces et monstres porteurs de bombe à ne pas frapper à proximité. Tic tac boum.
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Dead Space 2, édité par Electronic Arts et développé par Visceral Games, âge 18+, disponible sur Playstation et XBOX 360.
Michi-Hiro Tamaï
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