CES: post-zapping à Vegas

© Xinhua

Le dernier CES Las Vegas enterrait six pieds sous terre la zappette de papa. Ou comment le téléviseur de demain écoutera et regardera le spectateur tout en lisant dans ses pensées.

Elle finira probablement sa longue carrière dans une décharge. Ou au mieux derrière une vitre de musée. Objet iconique du siècle passé, la zappette à boutons vivait ses derniers beaux jours lors du récent Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas. Samsung et LG captaient en effet les regards de cette grand-messe high-tech avec des prototypes de téléviseurs écoutant et regardant le spectateur. Une inversion des rôles à la fois géniale et terrifiante.

« Hi TV! », lance une ambassadrice Samsung face à un écran plat qui s’allume ensuite comme par magie. Et la démonstratrice de continuer de plus belle en demandant au poste de changer de chaîne et de baisser le volume. Regroupé sous le concept de Smart Interaction, ce contrôle vocal inhabituel se double même de mouvements. La télécommande classique étant loin d’être idéale pour surfer sur sa télé, la main se transforme en souris. On dirige donc le curseur d’un geste de l’avant-bras et on joint les doigts pour activer un lien hypertexte.

Inspirée par le Kinect de Microsoft, cette prise en mains à la Minority Report passe par l’intermédiaire d’un petit appendice greffé sur le téléviseur. Ce boîtier mouchard intègre un micro et une mini webcam, qui non contente d’interpréter les mouvements de la main (un geste d’au revoir pour l’extinction) reconnaît même les visages d’une famille. De quoi protéger les yeux des kids.

Ces derniers ne seront d’ailleurs pas dépaysés lorsqu’ils découvriront la Magic Remote de LG. Ce prototype de zappette s’inspire en effet directement des Wiimotes, manettes à détection de mouvement de la Wii de Nintendo. Face à elles, ce pointeur très utile pour naviguer sur le Net se pare même d’un micro également employé ici pour donner des ordres à son poste ou saisir des mots-clés de recherche sur le Web. Les gamers souriront à la vue de cette reconnaissance gestuelle et vocale qui a déjà cours depuis quelques années dans le milieu du jeu vidéo via le motion gaming (Eye Toy, Wii…). Mais pour la 1re fois, cette interface homme-machine est envisagée dans un appareil grand public de consommation courante.

Videodrome

Toujours à l’affût d’un buzz pour se faire connaître, le Chinois Haier tablait sur un contrôle de ses téléviseurs (tactiles) par la pensée via sa Brainwave TV. On enfile donc un casque sans fil capable d’amplifier les pulsations électriques émises par nos neurones pour mesurer le niveau de concentration. Si cette technologie développée par Neuro-Sky devra encore mûrir pour trouver une application intéressante en télé, elle brille déjà dans un jeu de société comme le Mindflex de Mattel. A surveiller de près donc…

Censées aider la smart TV (le téléviseur connecté au Web) à décoller, les différentes démos brandies au CES de Las Vegas prouvent que le post-zapping cherche encore ses repères. A ce stade, on est donc loin d’un standard aussi fédérateur que le tactile capacitif et multipoints ne l’a été pour les téléphones portables. A ce sujet, smartphones et tablettes Android ou Apple se recyclent d’ailleurs en super télécommandes capables de remplacer le couple clavier/souris sur des smart TV grâce à des apps comme TV Remote chez Philips et MyRemote chez Samsung.

Poussant à la disparition de touches classiques, ces nouvelles zappettes tactiles se propagent en outre doucement vers d’autres appareils domestiques. Les amplificateurs (gamme VSX et SC) de Pioneer utilisent par exemple l’iControlAV2 sur iPad pour optimiser du bout des doigts la spatialisation sonore d’une pièce tandis que Bang & Olufsen embrasse la domotique via sa BeoLink app.

Dans un autre domaine, ce 22 février, la PlayStation Vita mettra à son tour le toucher à l’honneur puisqu’en plus de son touchscreen principal, elle s’accompagnera d’un dos tactile pour une prise en main originale de jeux vidéo. Plus tard dans l’année, la Wii U s’accompagnera elle d’une manette particulière intégrant en son centre une large tablette numérique. La guerre des boutons peut commencer.

Michi-Hiro Tamaï

CES 2012: tops et flops

FLOP: la 3D

On le sentait déjà lors du dernier IFA de Berlin et le CES le confirme: la 3D à lunettes ne tient pas une forme olympique dans les salons. Après des scores de ventes décevants en 2011, les cons-tructeurs semblent refroidis. Notons toutefois que Sony présentait 4 nouveaux téléviseurs en relief aux taux de rafraîchissement plus rapides que précédemment, le tout accompagné de lunettes actives allégées. Après LG et Philips, notons enfin que Panasonic envisage à son tour l’adoption de lunettes passives (moins chères et meilleur angle de vue) pour ses téléviseurs d’entrée de gamme.

TOP: le 4K

Bye bye la Full HD et bienvenue aux téléviseurs 4K! Le rendu de l’image est ici encore plus fin avec une résolution de 4096 x 2160 pixels là où actuellement on tourne à du 1920 x 1080 pixels dans le meilleur des cas. Panasonic, Toshiba, Samsung et LG mettaient fortement l’accent sur cette tendance en parlant selon les camps d’Ultra Definition ou de Quad HD. Alors que les chaînes en Full HD ne sont pas encore une réalité sous nos tropiques, la question des contenus reste entière…

FLOP: les tablettes PC

N’est pas Apple qui veut. Les constructeurs high-tech qui se sont empressés l’année dernière de sortir leurs propres modèles d’ardoise Android ont déchanté commercialement. Ce qui n’a pas empêché Toshiba, Acer, Lenovo et Fujitsu Siemens de présenter de nouveaux mo-dèles allant de l’ultra fin au waterproof.

TOP: le OLED

Permettant de créer des écrans sans rétro éclairage, la technologie OLED amène des téléviseurs fins comme une feuille de papier. LG présentait ainsi un modèle Super Oled d’1,4 mètre de diagonale pour 7,5 kg et… 4 millimètres d’épaisseur. Signe des temps, Sony abandonne cette norme, lui qui avait été le 1er à commercialiser un téléviseur de ce genre avec le XEL-1.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content