THE NEVERENDING STORY

POUR SON 50E ANNIVERSAIRE, WEST SIDE STORYBÉNÉFICIE D’UNE ÉDITION BLU-RAY RENDANT À LA COMÉDIE MUSICALE DE WISE ET ROBBINS SA SPLENDEUR D’ORIGINE. UN RÉGAL.

DE ROBERT WISE ET JEROME ROBBINS. AVEC NATALIE WOOD, RICHARD BEYMER, GEORGE CHAKIRIS. 1961. 2 H 33. DIST: FOX.

Le somptueux générique de Saul Bass, enchaînant les couleurs dans un crescendo culminant lorsque ses lignes se fondent dans l’horizon new-yorkais, suffit à s’en convaincre: 50 ans après sa sortie, la magie de West Side Story opère toujours, magnifiée ici par un piqué de l’image tout bonnement exceptionnel. Inspiré de la comédie musicale créée en 1957 à Broadway par Jerome Robbins, le film transpose Romeo et Juliette dans le New York stylisé des années 50. Deux gangs d’adolescents s’y disputent un quartier de Hell’s Kitchen, les Jets, des Américains blancs que conduit Riff (Russ Tamblyn), et les Sharks, des Portoricains emmenés par Bernardo (George Charikis). La rencontre, et l’amour que se portent bientôt Maria (Natalie Wood), la s£ur de Bernardo, et Tony (Richard Beymer), un membre des Jets, vont exacerber les tensions entre les 2 bandes.

Spectacle total

C’est à une relecture audacieuse de la tragédie de Shakespeare (annonçant, à certains égards, celle de Baz Luhrmann) que se livrent ici Robert Wise et Jerome Robbins, la haine raciale venant contrarier l’histoire d’amour, naissante et éternelle, de ces Romeo et Juliette revisités, romance par ailleurs sublimée par son traitement musical. L’ouverture du film est ainsi un authentique tour de force, majestueuse chorégraphie qui, à même le bitume new-yorkais (Robbins fit creuser des tranchées dans les rues pour pouvoir filmer en contre-plongée), célèbre la jeunesse tout en posant le contexte du drame à venir. La suite n’est pas moins inspirée qui allie à la partition de Leonard Bernstein des mouvements d’une rare fluidité, tout en trouvant les accents d’une évidente modernité que tempèrent à peine quelques couplets plus mièvres. Du cha-cha-cha rapprochant les amoureux à la rixe millimétrée opposant les 2 gangs sous une autoroute urbaine, West Side Story multiplie les moments d’anthologie -c’est là un spectacle total comme le cinéma n’en a guère produit (et qui devait, au passage, remporter la bagatelle de 10 Oscars).

Non contente de rendre au film sa splendeur d’origine, cette édition anniversaire présente quelques compléments inédits. Le parolier Steven Sondheim, qui faisait là ses débuts, revient largement sur la genèse des différentes chansons, émaillant son commentaire de nombreuses anecdotes. Ainsi de celle voulant qu’ America, la composition la plus fameuse du film, ait été inspirée à Leonard Bernstein par un rythme découvert lors d’un voyage à Porto Rico, histoire qu’il avait en fait inventée de toutes pièces afin de pouvoir recycler un morceau écrit pour un autre ballet. Quant aux danses, elles sont l’objet, dans Pow!, du regard attentif de spécialistes, chorégraphes et danseurs, ainsi que de plusieurs membres de l’équipe du film. De quoi souligner, si besoin en était, le génie de Jerome Robbins, qui sut, avec West Side Story, porter la comédie musicale à l’un de ses immortels sommets.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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