Walken on the Wild Side

The King of New York, le classique déjanté d’Abel Ferrara, ressort en coffret collector dans une nouvelle restauration. Christopher Walken y est impérial.

S’il continue à enchaîner les films à un rythme soutenu -le dernier, Zeros and Ones, remonte à quelques mois à peine-, voilà un bon moment déjà que le cinéma d’Abel Ferrara ne suscite plus qu’un intérêt poli. Avant de se commettre dans des productions mineures ou de se vautrer dans un Welcome to New York indigne, le cinéaste new-yorkais avait pourtant signé diverses pépites, les années 90 restant définitivement sa décennie prodigieuse, qui le verraient aligner The King of New York, Bad Lieutenant, The Addiction et The Funeral notamment, quatuor difficilement surpassable trempé dans une vision définitivement crépusculaire de Big Apple.

La ressortie du premier dans une restauration 4K (dans un coffret collector que complètent suppléments et memorabilia) permet de prendre la mesure du talent d’un Ferrara trouvant pour le coup en Christopher Walken l’interprète idéalement altier et possédé de son univers. L’acteur de The Deer Hunter y interprète Frank White, un parrain qui, au sortir d’un séjour à l’ombre, va entreprendre, depuis sa suite du Plaza, de remettre de l’ordre dans ses affaires. Entendez de régner sans partage sur le monde du crime new-yorkais, nettoyant la ville des bandes rivales avec l’aide de son homme de main, Jimmy Jump (Laurence Fishburne, survolté), et de sa bande (dont l’impeccable Steve Buscemi). Non sans vouloir se profiler en bienfaiteur providentiel des plus démunis, en se proposant de financer la reconstruction d’un hôpital avec l’argent du trafic de drogue. Moyen le plus sûr de s’aliéner à la fois voyous et police, pour faire l’objet d’une traque sans merci menée par deux flics obstinés, Dennis Gilley (David Caruso) et Thomas Flanigan (Wesley Snipes).

Walken on the Wild Side

Se déployant dans une atmosphère d’un noir d’encre sur une bande-son gangsta rap, The King of New York reste un maître polar urbain, plongée stylisée -la photographie de Bojan Bazelli est un modèle du genre- dans un monde interlope voué à se refermer inexorablement sur les protagonistes. Ferrara, qui raconte dans l’interview proposée en bonus s’être lancé dans le projet en s’inspirant de… Terminator, et son scénariste de l’époque, Nick St. John, sont rarement apparus aussi inspirés. Et de doubler le thriller hanté -voir la magistrale séquence d’ouverture silencieuse- d’un portrait halluciné de New York au tournant des années 90, univers corrompu, sauvage et violent sur lequel plane l’ombre de Walken, impérial. L’acteur devait accompagner le cinéaste quelques films encore, avant de passer, à compter de New Rose Hotel, le témoin à un autre comédien sur le fil du rasoir, Willem Dafoe. Pour autant, Abel Ferrara ne renouera jamais avec l’éclat funèbre de ce film-culte, son meilleur incontestablement aux côtés d’un Bad Lieutenant sorti deux ans plus tard.

The King of New York

D’Abel Ferrara. Avec Christopher Walken, Laurence Fishburne, David Caruso. 1 h 42. 1989. Ed: Carlotta.

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