Visa Transit – Volume 1

Il se dit que Nicolas de Crécy en aurait marre de la bande dessinée, qu’il plaquerait tout et partirait se ressourcer dans des contrées lointaines. Depuis quelques années, cette rumeur alarmante circule dans le petit milieu du 9e art. Quelle ne fut donc pas notre joie de découvrir chez Gallimard une nouvelle BD du maître de la couleur et des histoires étranges. Et si des pays lointains, il en a visité, c’est d’un voyage avec son cousin effectué en 1986, dans une Citroën Visa Transit héritée de leur tante, dont il est question ici. Après avoir retapé à la sauvage le véhicule pourrissant, nos deux compères prennent la route, direction le plus loin possible. Vers l’est en l’occurrence, évitant toutefois l’Ukraine, la catastrophe de Tchernobyl venant de se produire. Les cousins traversent l’Italie, la Yougoslavie, la Bulgarie vers la Turquie, à la frontière de laquelle cette première partie s’arrête. La tête pleine des poèmes du Belge Henri Michaux, de Crécy nous conte les mésaventures du sac de voyage oublié dans un rade italien, les colonnes de chars croisées sur les routes bulgares et les rencontres improbables ponctuant le trajet. L’auteur ne se contente pas du récit du périple, il convoque également des souvenirs partagés avec son compagnon de route, leur complicité dans des colonies de vacances ou les trajets de nuit alors qu’ils étaient enfants, lorsque toute la famille allait passer Noël chez la grand-mère dans le Morvan. Son style d’écriture se fait poétique, ton auquel il ne nous avait pas habitués, mais déjà perceptible dans ses délires scénaristiques précédents. On découvre ici un raconteur d’histoires sensible, qui fait fi des problèmes de mémoire des souvenirs lointains. Avec, cerise sur le gâteau, un dessin toujours aussi sublime.

Visa Transit - Volume 1

De Nicolas de Crécy, éditions Gallimard, 136 pages.

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