Le festival de Cannes 2013 a basculé le mercredi 22 mai, sur le coup de 18 h 30, à l’entame de la projection de La vie d’Adèle-Chapitre 1 et 2, le film d’Abdellatif Kechiche. Trois heures plus tard, le théâtre Lumière libérait un public ébloui tant par la virtuosité et l’audace du cinéaste français d’origine tunisienne, que par l’intensité de la passion amoureuse ayant embrasé l’écran, transcendée encore par ses deux interprètes, Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos. Deux jours après, on retrouvait le réalisateur le temps d’un entretien express, souriant et détendu en dépit d’une pression déjà palpable, la rumeur cannoise lui promettant une Palme à laquelle Steven Spielberg aurait le bon goût d’associer, dimanche soir, ses deux extraordinaires comédiennes.

Pourquoi avoir voulu raconter encore une fois une histoire de femmes?

Encore une fois, ce n’est pas une histoire de femmes (rires). C’est une histoire d’amour, une histoire de passion, une histoire de rencontre, une histoire de couple. Un des thèmes du film, c’est la complexité des rapports de couple. Avec peut-être aussi le thème du hasard, du destin, comment le « hasard » d’une rencontre va bousculer un être dans son évolution et le transformer.

Comment les scènes de sexe ont-elles déterminé le film?

Dans le même esprit que les autres scènes. Pour moi, il y a autant de sensualité dans les bouches qui mangent, dans les visages qui s’expriment, dans les larmes, dans les rires, et il y a peut-être autant d’impudeur à filmer ces visages que ces corps. Je n’avais pas le sentiment d’être dans une difficulté particulière lorsqu’on a tourné ces scènes. Sauf au début, où les corps sont nus, et on ne filme pas de la même façon l’expression d’un visage que celle d’un corps, parce qu’on ne peut pas l’éclairer de la même façon, ni lui demander de s’exprimer de la même façon, il y a quelque chose de plus instinctif dans le mouvement du corps. Donc, on prend plus de distance.

Pourriez-vous parler du rythme très particulier de vos films, et de la façon dont vous jouez de l’étirement du temps et des séquences?

C’est un tempo que je cherche encore, mais qui me semble appartenir à quelque chose en moi. A mesure que j’avance dans mon métier de réalisateur, j’essaye d’obéir à mon propre rythme. Dès que j’ai commencé à faire du cinéma, j’ai eu beaucoup de difficultés avec le rythme conventionnel, sans qu’il y ait là rien de péjoratif. Ce rythme est très bien réglé, mais il ne me correspond pas, et j’ai donc choisi de sortir de cette convention, avec le déséquilibre que cela peut impliquer dans le regard de celui qui y est conditionné. Réfléchir à mon propre rythme et le trouver était une recherche et une volonté dès mon premier film.

La Palme d’or, vous pensez que c’est possible?

Ne me portez pas la poisse… (rires)

J.F. PL.

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