Vies conjugales

Compte tenu de l’immobilisme de ses adhérents, le Club des sédentaires organise une compétition paradoxale dont le vainqueur atteint le lieu le plus éloigné de Paris et y demeure 24 heures complètes, sans défaillir. Les candidats connaissent leurs limites: « Contre-performance de Guynemer qui, près de la frontière allemande, est revenu sur ses pas, effrayé par son exploit. Il fait maintenant des ronds en Meurthe-et-Moselle, près de Lunéville. » Le lecteur en redemande? Dans une autre nouvelle, la planète trouve un mécanisme d’auto-régulation pour endiguer la surpopulation: désormais, pour chaque être qui naît, un autre s’éteint dans la même famille… « Les grands-parents, du coup, ne regardent plus leurs petits-enfants comme ceux qui perpétueront la lignée mais comme des ennemis en puissance. Beaucoup émasculeraient volontiers leur petit-fils pour se protéger. » Les trouvailles dont le Belge Bernard Quiriny ( Histoires assassines, Contes carnivores) truffe ce nouveau recueil sont innombrables. Ici, un couple de retraités découvre la notion toute relative de propriété privée sur l’île paradisiaque de Tihamotu. Là, un plumitif mineur est bouté hors de ses livres par un préfacier fou… À l’instar des personnages de romanciers cintrés croqués par Daniel Goossens, génie de la bande dessinée absurde, c’est en maître de l’ironie à froid que Quiriny jongle dans Vies conjugales entre burlesque et fantastique poupée-gigogne, soignant son péché mignon pour les livres imaginaires, préfaces et autres saperlipopettes du milieu de l’édition. Garçon, la même chose!

De Bernard Quiriny, ÉDITIONS Rivages, 200 pages.

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