Viens voir dans l’Ouest

Originaire des patelins paupérisés de l’Ouest américain, passé depuis par les cours de David Foster Wallace, Maxim Loskutoff a regroupé ici douze nouvelles, qui toutes racontent des histoires d’extrême solitude. Celle d’êtres isolés même au sein d’un couple, d’une famille, d’une colocation voire d’une troupe de mauvaises graines estampillées « trailer park ». Tous poussés depuis leurs bleds et banlieues à se fasciner sans limite pour un vilain pin, une femelle grizzli, un serpent ou un coyote domestiqués -histoire de se trouver une obsession pour vaincre ennui, dépression ou inéluctabilité d’une impasse existentielle. Autour d’eux tous, une sédition anti-fédéraliste gagne en puissance: les représentants de l’État tombent comme des mouches au même rythme que les émeutiers bardés d’armes, annonçant le pire et incitant le lecteur à faire le lien entre désespoirs individuels et basculement généralisé dans la lutte armée. « Le pays entier était secoué, quel droit avais-je de ne pas l’être? », s’interroge ainsi un père de famille, tandis que l’on apprend que « les violences ont repris dans l’Oregon (…), avec de nouvelles manifestations dans l’Idaho et les deux Dakotas ». La tension monte, et résonne avec justesse en ces temps troublés, servie ici par un art consommé de la forme courte.

de Maxim Loskutoff, Éditions Albin Michel, traduit de l’anglais (USA) par Charles Recoursé, 258 pages.

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