Vie à vendre

L’on n’attendait guère Yukio Mishima, l’une des figures majeures de la littérature asiatique du XXe siècle dont le suicide par seppuku, le 25 novembre 1970, a frappé les esprits, sur le terrain de la parodie de roman policier. C’est pourtant le cas avec Vie à vendre, texte publié en feuilleton de mai à octobre 1968 dans la revue Shûkan Purebôi (Playboy Hebdo), et resté inédit en français à ce jour; une oeuvre que l’écrivain, dans sa présentation, qualifiait de « roman d’aventures psychédélique ». Mishima y met en scène Hanio Yamada, jeune publicitaire tokyoïte bien de sa personne qui, ayant échoué à mettre fin à ses jours – « il s’était suicidé justement parce qu’il n’avait aucune raison de le faire », avait-il conjecturé-, passe une petite annonce: « Je propose une vie à vendre. À utiliser à votre guise. Homme, 27 ans. Confidentialité garantie. Aucune complication à craindre ». Les clients se bousculent, qui achètent ses services pour des entreprises aussi périlleuses que théoriquement définitives; et le jeune homme d’être propulsé dans un tourbillon d’aventures rocambolesques, survivant, non sans ironie, aux situations les plus improbables. La trame est sinueuse et loufoque, Mishima s’y meut avec agilité, détournant les figures du roman noir comme les codes de l’espionnage pour entraîner le lecteur dans les méandres d’un récit hautement jubilatoire où, sous couvert de fantaisie, point une méditation sur la mort et le suicide comme contrechamp à « une vie de cafards ». Raccord, en somme, avec l’oeuvre.

De Yukio Mishima, éditions Gallimard, traduit du japonais par Dominique Palmé, 272 pages.

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