DÉCOUVERTE À LA FIN DES ANNÉES 50, CLAUDIA CARDINALE ALLAIT S’IMPOSER COMME UNE STAR DU CINÉMA ITALIEN PUIS INTERNATIONAL. DÉMONSTRATION EN TROIS FILMS.

L’Audience

DRAME DE MARCO FERRERI. AVEC CLAUDIA CARDINALE, ENZO JANNACCI, UGO TOGNAZZI. 1972. 1 H 39. ÉD: SIDONIS. DIST: BELGA.

8

Les lions sont lâchés

COMÉDIE D’HENRI VERNEUIL. AVEC CLAUDIA CARDINALE, LINO VENTURA, JEAN-CLAUDE BRIALY. 1961. 1 H 38. ÉD: GAUMONT. DIST: BELGA.

6

Effie Gray

BIOPIC DE RICHARD LAXTON. AVEC DAKOTA FANNING, GREG WISE, TOM STURRIDGE. 2014. 1 H 44. DIST: UNIVERSAL

5

Le Guépard de Luchino Visconti, Huit et demi de Federico Fellini, Les Professionnels de Richard Brooks, Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone, Fitzcarraldo de Werner Herzog… la filmographie de Claudia Cardinale aligne les titres prestigieux, l’actrice ayant, à l’instar de Sophia Loren, incarné le versant féminin de l’âge d’or du cinéma italien, avant de gagner ses galons de star internationale. Un statut qui ne s’est pas démenti au gré d’une carrière au long cours, entamée à la fin des années 50, lorsqu’elle était du formidable I Soliti Ignoti (Le Pigeon) de Mario Monicelli, et qui l’a vue, tout récemment encore, figurer au générique d’Effie Gray -l’un des trois films constituant son actualité DVD.

Scénarisé par Emma Thompson, ce drame historique situé dans l’Angleterre victorienne s’attache au destin d’Effie Gray (Dakota Fanning), une jeune femme se morfondant dans un mariage malheureux et non consommé avec le critique d’art John Ruskin (Greg Wise), non sans entrevoir la perspective d’un avenir plus souriant aux côtés de l’artiste préraphaélite John Everett Millais (Tom Sturridge). Un peintre des sentiments inspiré aurait trouvé là matière à un film incandescent; Richard Laxton s’en tient à une version atone, pour un biopic décevant où Claudia Cardinale ne fait que passer. Elle est par contre de chaque plan dans Les lions sont lâchés (1961), où elle incarne une jeune femme fatiguée de son mari et de sa vie provinciale, et débarquant à Paris, où une amie l’introduit dans les cercles mondains… Classique dans la forme, ce film d’Henri Verneuil dialogué par Michel Audiard fait la satire aimable d’une jet-set qu’on appelait alors le Tout-Paris. Claudia Cardinale y brille d’un éclat insouciant, entourée d’une distribution de premier ordre, où l’on retrouve Lino Ventura, dans un savoureux contre-emploi de séducteur patenté.

De la satire à la critique féroce, il n’y a qu’un pas, franchi par Marco Ferreri à la faveur de L’Audience (1972), film remarquable faisant écho au Château de Kafka. Soit une charge virulente contre le pouvoir oppressif de l’Eglise, envisagé à travers l’histoire d’Amédeo (Enzo Jannacci), un individu sollicitant une audience auprès du pape afin de lui confier un message à la teneur inconnue. Et se heurtant à des obstacles rédhibitoires, ne trouvant une consolation -passagère toutefois- qu’auprès d’une prostituée campée avec un bel aplomb par Claudia Cardinale. Sans atteindre à la force de La Grande Bouffe, Ferreri fait preuve ici de sa verve critique et iconoclaste coutumière, cet opus dessillant étant par ailleurs assorti d’une interview-portrait de C.C., où cette dernière constate avoir joué « tous les personnages, de la sainte à la putain ». Vertus Cardinale…

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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