Valerie June

« The Moon and Stars: Prescriptions for Dreamers »

S’il y avait un semblant de justice, Valerie June devrait être la plus célébrée des interprètes de musique noire américaine contemporaine, loin de toutes les échappées r’n’b en Dior (Beyoncé) comme de l’ultra lifting (Megan Thee Stallion). La native du Tennessee (1982) réussit ce truc inouï d’être à la fois la parfaite héritière émotionnelle de Billie Holiday/Nina Simone et une artiste du temps présent. Dès le premier titre, Stay, la voix, rauque jusqu’à l’âme, vous emporte. Bizarre et fascinant chant d’une petite fille qui aurait peut-être déjà bien 100 ans. Au fil de l’album, la sensation d’hypnose muscle des échappées soul, r’n’b, gospel, voire folk et psyché. Comprenant aussi de sublimes arrangements de cordes signés Tony Visconti. Toujours avec un parfum de décalage qui emmène vers 2021 le vintage transcendé de You and I et de plusieurs autres plages pareillement parfumées. Au total, voilà quatorze morceaux où s’immiscent de courts interludes aux vibrations astrales et la patte moderniste du très doué (co)producteur Jack Splash (Kendrick Lamar, Alicia Keys, John Legend). Ce dernier rompant avec la sonorité de la discographie passée de Valerie June, ici créditée également à la prod. Dans ce qui apparaît comme un album-pivot pour sa carrière, mais aussi pour la musique actuelle, tous genres confondus. Il suffit d’écouter le merveilleux Call Me a Fool pour mesurer combien ce disque est considérable.

Distribué par Universal.

9

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content