Une vie de cinéma

Spartacus

La vie et l’oeuvre de la star tout juste disparue, dans un livre riche en images et informations.

Tout juste éteinte à l’âge vénérable de 103 ans, l’étoile de Kirk Douglas au firmament du cinéma brillera encore longtemps. Pour ses grands rôles dans des films majeurs, bien sûr. Mais aussi pour la personnalité puissante et généreuse qu’il fit rayonner bien au-delà des plateaux, n’hésitant pas à défier la toute-puissance des studios et la répression politique aux temps de la chasse aux sorcières maccarthyste. Le livre de Georges Di Lallo, auquel le décès de l’acteur offre une actualité particulière, propose tout à la fois une (assez brève) biographie et une filmographie commentée. Il propose également une riche iconographie, avec de nombreuses photos pleine page. De quoi faire joliment respirer un texte qui n’est sans doute pas des plus fouillés, mais où Douglas et son travail sont bien présents, incarnés. Qu’elle est passionnante, l’histoire d’Yssur Danielovitch Demsky, né le 9 décembre 1916 à Amsterdam… dans l’État de New York. Fils d’une famille juive immigrée ayant fui la misère et les pogroms de Biélorussie (alors partie de l’Empire russe), il décida très jeune de devenir comédien. Son rêve de cinéma allait passer par un -indispensable- changement de nom, une percée au théâtre à New York et une poignée de rôles percutants dans des films menant rapidement à un premier contrat avec la Warner Bros. La suite est légendaire, avec entre autres Spartacus, Les Sentiers de la gloire, La Captive aux yeux clairs, Les Ensorcelés, L’Arrangement, Les Vikings et Le Reptile.

Une vie de cinéma

Sur la couverture, le regard est perçant, le sourire carnassier, la fossette éminente. Une préface enthousiaste de l’historien Jean Tulard (à 86 ans, il a tout connu de Kirk) précède la partie biographique du livre. Les années défilent, les informations se succèdent à la manière de brèves dont l’accumulation fait texture, sinon portrait fidèle. Manque entre autres l’anecdote du Festival de Cannes 1980, où Douglas se retrouva président du jury… par erreur, l’invitation initialement prévue pour le cinéaste Douglas Sirk lui ayant été envoyée malencontreusement. La personnalité dominante, rebelle et engagée de l’acteur se voit bien sûr évoquée quand il est question des collaborations avec Stanley Kubrick (Douglas en conflit avec le réalisateur des Sentiers de la gloire, puis producteur exigeant et défiant le maccarthysme en faisant du black-listé Dalton Trumbo le scénariste de Spartacus). Sa détestation de Donald Trump contre lequel il s’exprima durement en 2016 est aussi rappelée. La partie filmographique convoque utilement des témoignages et de nombreux extraits significatifs d’interviews du comédien. À travers son histoire, c’est aussi celle du dernier âge d’or d’Hollywood puis de sa transformation dans les années 70 qui se voit illustrée de manière spectaculaire.

Kirk Douglas

De Georges Di Lallo, éditions Riveneuve, 280 pages.

7

On lira avec plaisir l’excellente et attachante autobiographie de Douglas, Le Fils du chiffonnier, parue en 1988.

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