Une partie rouge

En 2005, la poétesse et critique d’art américaine Maggie Nelson, 32 ans à l’époque, reçoit un coup de fil stupéfiant: la police vient d’identifier un nouveau suspect dans l’affaire du meurtre de sa tante. Cette tante, Maggie ne l’a jamais connue, et pour cause: quand Jane Mixer a été retrouvée à 23 ans morte, battue et violée dans un petit cimetière du Michigan en 1969, elle n’était pas encore née. Plus de 35 ans après les faits, la voici appelée à assister au procès d’un certain Leiterman, infirmier à la retraite, aux côtés de sa mère et de son grand-père. Très vite ensuite, il y a la peur d’oublier. La solution surgira sous la forme d’un projet d’écriture. À l’arrivée, Une partie rouge ressortit au genre de la non fiction: un reportage judiciaire qui emprunte ses codes à l’écriture romanesque (popularisé par le De sang froid de Truman Capote). Son sous-titre, Autobiographie d’un procès, dit pourtant toute sa spécificité, induite par son matériel hautement subjectif, entre souvenirs familiaux et reconstitution par l’intuition et l’imaginaire de tout ce que le passé a définitivement englouti. Construit sur de brefs chapitres (beaucoup d’entre eux se terminent sur la description froide d’une vue de la scène du crime ou de l’autopsie du corps de Jane), le récit hétérogène expose ce que grandir dans le sillage d’une disparition sordide et non élucidée veut dire, tout en assumant de régulières digressions sur des épisodes de la vie cérébrale ou sexuelle de son auteure. Avec aussi une lucidité décapante et parfois un drôle d’humour cruel, le texte laisse une impression déconcertante. Et, à vrai dire, relativement neuve.

De Maggie Nelson, éditions du Sous-sol, traduit de l’anglais (USA) par Julia Deck, 224 pages.

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