Une brève histoire de l’ivresse

L’ivresse est le propre de l’homme. Telle est la morale tongue-in-cheek qu’on peut tirer de la lecture du dernier livre de l’auteur le plus British de sa génération, Mark Forsyth. Après un opuscule drolatique dévolu aux hasards de la recherche, Incognita incognita (Le Sonneur, 2019), il a décidé de consacrer son érudition et son goût du jeu aux mille et une manières par lesquelles les cultures du monde ont conçu le besoin de se poivrer la gueule. De la Préhistoire à l’âge du cocktail, il passe en revue, avec forces anecdotes mi-hilarantes, mi-tragiques, les breuvages, rituels, bizarreries et effets attendus de l’ingestion de boissons alcoolisées partout et tout le temps. Certains mythes en font les frais, comme l’iconique porte à double battant hantant l’imaginaire des saloons (dont Forsyth explique qu’elle n’a jamais existé, et que, si ça avait été le cas, ç’aurait été une très mauvaise idée). Ailleurs, ce sont des pans entiers de l’Histoire qui en sortent transformés, tel le récit de la fondation de l’Australie, qui aurait été impossible si le rhum n’y avait pas été ubiquitaire. Au début de son voyage, Forsyth, l’air de ne pas y toucher, déclarait  » ne pas bien savoir ce qu’est l’ivresse« , mais que  » si les auteurs devaient laisser une chose aussi insignifiante que l’ignorance les empêcher d’écrire, les librairies seraient vides« . C’aurait été ballot -car son livre nous aurait manqué.

De Mark Forsyth, éditions Le Sonneur, traduit de l’anglais par Thierry Beauchamp, 336 pages.

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