Ysaline Parisis
Ysaline Parisis Journaliste livres

Depuis 2006, les éditions Gallmeister nous font découvrir une littérature US balayée par les vents des grands espaces. Elles mettent aujourd’hui la main à la poche.

En 2006, Olivier Gallmeister publiait les 2 premiers titres de son catalogue: Vingt-cinq ans de solitude. Mémoires du Grand Nord de John Haines et le fameux Gang de la clef à molettes d’Edward Abbey. Une ode aux grands espaces et un polar écologiste. De quoi amorcer ce qui sera les grandes lignes de la maison en devenir: la collection « Nature Writing » ou littérature des grands espaces (Rick Bass, John Gierach…) et la collection « Noire », dédiée aux  » policiers du Grand Dehors » -où les héros sont plus shérifs ou guides de pêche que détectives en chambre (Craig Johnson, William G. Tapply…). En marge des approches « intellectuelles » de l’East Coast à la DeLillo, Auster ou Roth, Gallmeister décide d’emblée de défendre une écriture virile, sensuelle et d’ouvrir une brèche de taille pour ceux qui avaient du mal à se faire entendrejusque là: ces écrivains « de l’Ouest », du « Big Sky », cousins d’un Jim Harrison à qui l’on se contente souvent de les résumer. Quelques années plus tard et dans un même esprit « à contre-courant », Gallmeister lance « Americana », une collection qui trempe plus volontiers sa plume dans les fumées d’une vie carrément urbaine, mais servie -c’est la touche Gallmeister- par des écrivains contestataires et engagés, dont Terry Southern, le célèbre scénariste d’ Easy Rider.

Totem

La famille Gallmeister s’agrandit aujourd’hui avec la sortie de sa propre collection de poches: « Totem », un nom emprunté aux Indiens Ojibwé, et dans lequel il faut lire un hommage aux origines profondes de l’Amérique. Quatre auteurs maison y ouvrent le feu, emblèmes de chacune des 3 veines Gallmeister.

Dans Montana 1948 (), Larry Watson, fils et petit-fils de shérif, compose la chronique d’un scandale familial qui, à l’aube des années 50, secoue Mercer County, une petite ville de western suranné où les Indiens cohabitent désormais avec les héros de guerre. Et où des secrets à étouffer sont dispersés par des vents à rendre fou. En peu de pages, Watson parvient à raconter pudiquement la perte d’une innocence autant qu’à composer une ode au Montana, dans une ambiance minérale et poussiéreuse.

Dans ce qui est depuis sa sortie l’une des meilleures ventes du catalogue Gallmeister – Indian Creek ()-, Pete Fromm fait le récit de l’hiver qu’il passa seul au c£ur des Rocheuses, prêt à assurer sa survie avec plusieurs cordes de bois et quelques livres. Un récit prenant, dans lequel on se surprend à passer, sans autre transition que la neige épaisse, de sensations d’extrême solitude au sentiment d’exaltation face à l’immensité sauvage.

Citons aussi les titres de Tom Robbins, souvent qualifié d' » auteur le plus dangereux au monde« , dans la lignée d’un Burroughs et d’un Brautigan avec Même les cow-girls ont du vague à l’âme, et de Trevanian qui, dans La sanction, nous emmène dans une ascension des Alpes comme on en a rarement vue, à mi-chemin entre leçon d’alpinisme et roman d’espionnage. l

Ysaline Parisis

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