20.35 FRANCE 3

AVEC FABRIZIO RONGIONE, NICOLAS GOB, MARIE KREMER.

Ne vous laissez pas rebuter par l’apparente banalité de son titre. Ce Village français a bien plus à offrir que sa boulangerie, sa poste et son café des sports. Il dévoile une galerie de personnages terriblement humains, en proie à des doutes violents, confrontés à des choix cornéliens. Cette deuxième saison (accessible même si on n’a pas vu la première) débute en hiver 1941, alors que la petite sous-préfecture du Jura vit à l’heure allemande. L’occupation a débuté il y a quelques mois (cinq saisons seront nécessaires pour peindre une fresque embrassant toute la Seconde Guerre mondiale). Certains habitants s’accommodent plutôt bien de la présence allemande. D’autres entrent en résistance, avec plus ou moins de conviction. D’autres enfin, se laissent aller à la collaboration. Aucun n’est vraiment un héros ou un parfait lâche, chacun fait des compromis avec sa conscience. Ce village français est un village parmi tant d’autres: il sert à décrire une époque à travers les yeux des civils, ceux qui, loin des lignes de front (déjà abondamment montrées à l’écran), ont vécu la guerre à leur manière. A la manière, en fait, de millions d’autres, masse anonyme souvent oubliée des manuels d’Histoire.

VILLAGEOIS FRANçAIS… BELGES!

Ce second volet débute par la mort d’Alfred, sexagénaire amoureux d’une prostituée. Il s’est effondré dans son bordel, délesté de son portefeuille. Natacha, sa favorite, avoue être en sa possession. Voleuse? Non, résistante, complotant avec Alfred, refusant que les secrets enfouis dans la poche de son client tombent entre les mains des Allemands. La grande force de cette fiction en 6 fois 48 minutes par saison est de faire porter cette chronique du quotidien a priori sans éclat des villageois par des comédiens fantastiques, des vraies gueules, de vraies tripes… belges pour la plupart! On retrouve en effet au casting – dans les rôles principaux – Fabrizio Rongione ( Rosetta…), Nicolas Gob ( Hot Dogs…), Marie Kremer ( S£ur Sourire…), Nade Dieu ( Le Papillon), et Patrick Descamps ( Nue propriété…). Des acteurs superbes, qui insufflent une émotion vraie (on y croit, à leurs peines et leurs joies) à une intrigue qui n’en manquait déjà pas. On en veut tous les jours, des séries comme celles-là. Du genre addictives, tout en ayant, l’air de pas y toucher, l’art de rendre un peu moins idiot.

Myriam Leroy