Un pays dans le ciel

Avant d’être reconnu comme écrivain et dramaturge, Aiat Fayez a été demandeur d’asile en France tout en suivant des études de philosophie à la Sorbonne. En 2010, l’auteur libanais est parti s’installer à Vienne, dégoûté par le parcours administratif kafkaïen de tous les étrangers en situation irrégulière dans l’Hexagone. Il y a quelques années, il a passé quelques mois en résidence de dramaturgie… au sein d’une administration qui gère justement les demandes d’asile. Dans Un pays dans le ciel, Fayez décrit l’entretien entre les demandeurs et un officier protecteur qui pose à ces derniers une série de questions, entretien au terme duquel il accorde ou non l’asile. Cet aspect de la migration est rarement traité et s’avère très intéressant à plus d’un titre. C’est lors de cet interrogatoire que tout se joue: l’officier protecteur doit pouvoir faire la part des choses entre réalité et invention dans le récit du demandeur. Aiat Fayez et Charlotte Melly, la dessinatrice, ont choisi le « face camera »: le migrant, aidé d’un traducteur, raconte son histoire dans sa langue. Le lecteur est mis à la place de l’interrogateur, dans une position inconfortable. Le récit est généralement poignant, révélant la détresse du requérant auquel répond souvent de manière rude l’officier protecteur qui doit rester le plus impartial possible. Les auteurs montrent également les luttes de pouvoir au sein de l’administration, débouchant parfois sur des décisions arbitraire. Un complément indispensable aux récits tragiques de migration qui dévoile un autre aspect de cette catastrophe humanitaire.

Un pays dans le ciel

D’Aiat Fayez et Charlotte Melly, éditions Delcourt, 328 pages.

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