Un homme qui passe

La promesse était alléchante: le scénariste Denis Lapière a écrit sur mesure et rien que pour Dany un thriller qui fait renouer le dessinateur de Olivier Rameau avec sa veine semi-réaliste voire réaliste, que les fans lui réclamaient depuis des décennies. Depuis son Histoire sans héros que Jean Van Hamme lui avait écrit en… 1977. Un style que Dany affectionne mais que le grand public, lui, a toujours dédaigné, lui préférant son graphisme humoristique et volontiers graveleux, comme il l’a exploité et surexploité dans sa série de gags machistes Ça vous intéresse?, à l’humour aussi court que les jupes de ses personnages féminins. Prometteur donc de revoir ce grand dessinateur désormais apprécié chez Dupuis (on attend son one-shot de Spirou!) sur autre chose que du lourd, sauf que, patatras -ou plutôt plouf, comme le fait le personnage secondaire à la jupe toujours courte au début de ce récit-, Un homme qui passe nous met face à un vieux beau suicidaire ressemblant furieusement à Dany, et qui va passer les trois quarts de son album à raconter ses nombreuses conquêtes féminines, aussi exotiques qu’improbables! Une litanie qui n’a aucun intérêt autre que graphique, et dont on a parfois du mal à cerner -c’est un comble- le premier, le deuxième ou le troisième degré! Et ce, même si le sort de ce Dany de papier ne sera pas tendre avec lui, le laissant vieux, moins beau et désormais incapable de se suicider. Pied-de-nez aux féministes ou juste génuflexion de vieux mâles alphas? On ne sait trop que penser de cet Homme qui n’aura fait que passer.

Un homme qui passe

De Dany et Lapière, éditions Dupuis, 72 pages.

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