Trump et le coup d’État des multinationales

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En 1989, dans Roger and Me, Michael Moore démontrait comment l’économie américaine avait été vendue aux intérêts des grands groupes industriels et financiers. Mais la force de ce documentaire tient en ce qu’il décrit comment l’actuel président Donald Trump est l’aboutissement fascisant de cette logique de coup d’État née dans les années 70 et concrétisée, depuis Reagan en 1980, par chacun de ses prédécesseurs. Dans cette visite de l’arrière-cuisine du rêve américain, historiens, économistes, journalistes, philosophes reviennent sur l’Histoire et l’inconscient économique d’un pays dont le système démocratique a été remplacé par une constellation de groupes d’intérêts. Lobbying, noyautage des universités, attaques médiatiques, création d’institutions et de think tanks pour détruire la pensée progressiste: depuis les années 70, une guérilla intellectuelle entend maintenir l’opinion en faveur de la libre entreprise et fermer les yeux sur ses dérives. De Camden (New Jersey) à Youngstown (Ohio), apparaît l’image d’un pays en coupe réglée. Dans la « Rust Belt » sinistrée par les premières délocalisations des années 80, le vote en faveur de Trump ressemble à un shot de whisky qu’on s’envoie pour tenter de soigner une gueule de bois. Dans les villes à majorité noire, la misère d’une population KO, bouc émissaire et première victime des crises successives, a assommé les consciences politiques. La démocratie n’est-elle, comme le déclare le philosophe John Saul, qu’un sous-produit du capitalisme? Un avertissement brutal, annonciateur et cinglant.

Documentaire de Fred Peabody.

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