Tropical Fuck Storm

« Braindrops »

 » Je veux que mes films donnent l’impression d’avoir été tournés avec 40 degrés de fièvre » , déclarait un jour François Truffaut. Gareth Liddiard et Fiona Kitschin ont dû se dire la même chose de leurs disques, quand en prenant momentanément congé de The Drones, ils ont en 2017 embarqué dans l’aventure Tropical Fuck Storm. Sortez les thermomètres. Cette fièvre, soudaine et contagieuse, le groupe australien en offre aujourd’hui une nouvelle poussée. Un peu plus d’un an après le formidable A Laughing Death in Meatspace, les quatre kangourous de l’apocalypse enfoncent le clou au marteau. Liddiard, qui a le sens de la formule, décrit la chanson qui a donné son nom au disque comme  » Fela Kuti dans un accident de voiture » et parle d’odeur de chloroforme quand il évoque Maria 62, ballade désespérée à pieds nus dans les tessons de bouteille. Tropical Fuck Storm aime les sons tordus, trouve l’équipement traditionnel du rock’n’roll ennuyeux, et lui reproche de tout faire sonner comme Led Zeppelin. Braindrops est nettement plus proche des Birthday Party de Nick Cave ou d’un Captain Beefheart (période Doc at the Radar Station, revendiquent-ils). Misère sexuelle, fake news complotistes… Braindrops dépeint une réalité sombre et fracturée, et explore la manipulation et le contrôle des cerveaux motivés par l’appât du gain. The Planet of Straw Men étudie le comportement humain dans les ténèbres des réseaux sociaux. Who’s My Eugene? se penche sur le cas d’Eugene Landy, le médecin peu scrupuleux qui a drogué Brian Wilson et vidé son compte en banque. Les tripes, l’intelligence, l’humour noir, la folie, la menace… Tout est dans ce deuxième essai et cette viscérale confirmation.

ROCK. Distribué par Joyful Noise/Konkurrent.

9

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content