Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

FIN DES RÉÉDITIONS DE LED ZEP EN TROIS ALBUMS AVEC BONUS, DONT CELUI POSTÉRIEUR À LA MORT DE JOHN BONHAM. UNE MOITIÉ DE SEVENTIES MARQUÉE PAR LE MAUVAIS OEIL.

Led Zeppelin

« Presence »

7

« In Through the Out Door »

6

« Coda »

7

DISTRIBUÉS PAR WARNER EN SIX FORMATS.

Robert Plant maudira Jimmy Page et Peter Grant pour l’avoir pressé d’enregistrer le septième album de Led Zep confiné à une chaise roulante. Pas remis d’un accident de voiture survenu à Rhodes en août 1975, le chanteur, calé en studio à Munich, détestera sa performance sur Presence, sorti au printemps 1976. Plant ne démérite pas tant que cela, même si de toute évidence, le disque n’a pas l’inspiration mercuriale de son prédécesseur Physical Graffiti. Enregistré sans claviers, il compte deux morceaux d’envergure: l’ouverture de onze minutes Achilles Last Stand et Nobody’s Fault But Mine. L’impression de puissance musicale et de théâtralisation démiurge est amoindrie par des moments dispensables (Candy Store Rock), le groupe livrant in fine un beau blues classique sur Tea for One. Comme chaque réédition, celle-ci comporte un companion disc: il offre un seul inédit, 10 Ribs & All, ballade instrumentale trop romantique à la John Miles.

In Through the Out Door, paru en août 1979, est réalisé sous pression: Plant, qui, deux étés auparavant, a perdu son fils de 5 ans, doit faire face à l’addiction de Bonham (alcool) et de Page (héroïne). En studio, il mène donc la barque avec John Paul Jones, le bassiste qui, au mix, va pousser exagérément les synthés, souvent irritants. Parfois, l’intuition impose un riff têtu (In the Evening) mais le plus souvent, ce Led Zep allégé évoque davantage l’absorption d’influences « nouveaux romantiques » que l’énergie punk/new wave en cours. Les bonus incluent quatre inédits, également vampirisés par le son daté du synthé Yamaha GX-1. Symptôme d’un album interprétant mal son époque tout en négligeant l’essentiel de son héritage-ADN classique. Le disque de trop, sans que la question ne se pose de la suite discographique: l’overdose par vodka de Bonham, en septembre 1980, met fin abruptement au parcours du quatuor anglais. Reste Coda qui, à l’automne 1982, tente de solder la mémoire du groupe via une collection de morceaux épars, inédits destinés à contrer leurs équivalents bootlegs. Le disque original est ici complété -dans l’édition Deluxe- par quinze titres, dont certains remontent à 1968. Le plus intéressant et inattendu tient en deux morceaux de l’automne 1972, bouclés avec des musiciens à Bombay. Dans Friends,en particulier,se glissent les prémices d’une world music que Plant et Page exploreront dans une phase ultérieure de carrière. Sans jamais renouer avec leur statut impérial de 1968-1980, années carnassières qui finiront par dévorer le monstre généré.

PHILIPPE CORNET

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