Stephan Streker, côté foot

Stephan Streker, dans La Tribune, sur La Deux. © DR
Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Bruxelles, 20 février 2017. À deux jours de la sortie française de Noces, seize de la belge, on retrouve Stephan Streker dans les couloirs de la RTBF, immense paquebot aux allures de reliquat fané des grandes heures de l’Union Soviétique où il officie chaque lundi soir en tant que consultant permanent de La Tribune, l’émission foot du service public.

Benjamin Deceuninck, Michel Lecomte, Rodrigo Beenkens, Marcel Javaux, Khalilou Fadiga, Philippe Albert et sa « minerve invisible »… À quelques minutes du direct, ils sont tous là, s’enquérant dans une atmosphère résolument bon enfant des dernières éphémérides du landerneau cinéphile entre deux blagues sur le Standard. « La bonne nouvelle du jour, c’est que Libération a adoré le film, s’enthousiasme Streker. Tu as vu le reportage que TF1 a fait sur moi au JT le week-end dernier? »

Café serré

Ledit reportage le présente en Grégoire Margotton du paysage footballistique belge, lui préfère se définir comme le « philosophe de l’émission ». Bonze de La Tribune, Stephan Streker? Il y a de ça, oui. Première fulgurance ataraxique du jour à l’appui: « Dans la vie, on change de tout. De bagnole, de maison, de boulot… Mais on ne change pas de club de coeur. » À savoir, dans le cas de l’intéressé, le RWDM, fameux club blanc, rouge et noir de Molenbeek. « La première année où mon père m’a emmené au stade, en 1975, on a été champions. J’ai cru que ce serait chaque saison comme ça. J’ai vite déchanté… Mais je me suis accroché. Supporter, ça veut dire souffrir. »

Aujourd’hui, le Racing White Daring Molenbeek évolue en… Division 3 amateurs. Ce qui n’empêche pas Streker de continuer à emprunter ponctuellement le chemin du stade Edmond Machtens. Ni, d’ailleurs, de faire jouer l’ex-canonnier glorieux du club Jacques Teugels devant sa caméra. C’était en 2013, dans Le Monde nous appartient. Clin d’oeil 100% footeux, et tremplin aussi inattendu que providentiel vers cette toute fraîche carrière de consultant sportif en télé. « Un dimanche de février 2013, Stéphane Pauwels, que je ne connaissais pas, m’invite à venir parler du Monde nous appartient dans son émission sur Bel RTL. Pauwels appréciait le fait que l’univers du ballon rond était particulièrement bien traité dans le film, chose rare au cinéma. À la fin de l’interview, il me demande de rester. L’émission durait trois heures, et comme j’adore le foot j’ai commencé à donner mon avis. »

Banco. Pauwels le réinvite, puis l’embauche comme chroniqueur. « Arrive alors juin 2014. Autrement dit, la Coupe du Monde. Et là, RTL se pique de monter une émission appelée à devenir ce qui restera à mon avis comme l’une des plus vilipendées de l’Histoire de la télévision belge: Café Brazil. Dans laquelle j’officie. Très vite, je reçois beaucoup de SMS de mon entourage, dont une copine qui m’écrit: « Fous le camp de là tout de suite! » Je devais faire une émission sur trois. À la fin, je les faisais toutes: plus personne ne voulait venir. Après le premier tour, ils ont arrêté les frais. C’était catastrophique. Pas en termes d’audience, en termes d’image. Les mauvais articles pleuvaient, cette pauvre Sandra Kim se faisait insulter… C’était très violent, mais les balles passaient à côté de moi. »

RTL le catapulte alors monsieur foot au JT pour le reste de la Coupe du Monde. Puis consultant sur la Champions League. « Je n’ai fait qu’un match, Standard-Zénith Saint-Pétersbourg. Le lendemain, j’avais rendez-vous avec Michel Lecomte. Rodrigo Beenkens m’avait déjà appelé pour me dire qu’il adorait mes interventions sur RTL. Et là, ils me proposent de devenir consultant permanent à La Tribune. J’ai cru que c’était pour la Caméra cachée. »

« Si un jour je dois choisir entre le foot et le cinéma, je choisis de faire des films bien sûr. Mais pour le moment, je goûte à cette chance incroyable de pouvoir cumuler les deux. Pour mon premier jour à la RTBF, j’ai demandé à Benjamin ce qu’il attendait de moi. Il m’a dit: « Si tu es toi-même, ça se passera très bien. » J’ai trouvé que c’était la réponse la plus généreuse qui soit. Je crois en effet que la clé en télé, c’est d’être dans une espèce d’honnêteté intellectuelle. Il ne faut pas chercher à plaire, il faut être fidèle à soi-même. »

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