Traits: une métaphysique du singulier

C’est la collection la plus mindfuck du présent. En fondant « MétaphysiqueS » en 2009, la fine fleur de la nouvelle génération de cadors de la philosophie sortie de l’École Normale Supérieure, à Paris (Élie During, Patrice Maniglier, David Rabouin, Quentin Meillassoux, Tristan Garcia), avait trouvé une tribune à sa mesure: celle de la prise de chou élevée au rang des beaux-arts. Depuis, les titres s’y succèdent de manière parcimonieuse, mais ménagent à chaque fois la surprise, redistribuant sans vergogne toutes les cartes relatives aux plus grands sujets. Traits, le premier livre de l’Italien Paolo Godani publié en français, en offre un nouvel exemple. Se présentant comme une  » métaphysique du singulier« , son ambition est de réinventer de fond en comble ce qu’est un individu, rien que ça. Dès l’ouverture, le ton est donné: l’individu n’existe pas. À partir de ce constat burné, c’est un véritable grand huit théorique qui attend le lecteur, avant de lui ouvrir les portes d’un monde où les substances ont disparu mais où les qualités se sont multipliées, se distribuant au gré de constellations toujours nouvelles, toujours changeantes. De fait, l’individu n’existe pas. Il n’existe que des compositions de qualités, de « traits », aussi singulières dans leur assemblage que communes dans leur distribution. Cela n’a l’air de rien? À l’époque, « Je pense, donc je suis » le semblait aussi.

De Paolo Godani, éditions Puf, 192 pages.

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