Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Rêves américains – Gary Lightbody (Snow Patrol) monte un supergroupe pour assouvir ses fantasmes de grands espaces US. En selle!

« The Place We Ran From »

Distribué par Fiction/V2. ***

U2 seraient-ils les derniers des Mohicans? Les seuls à ne s’être jamais vraiment dispersés? C’est qu’aujourd’hui on a l’impression que les groupes existent d’abord pour mieux s’éparpiller. Les albums solos des uns (Doherty, Casablancas…), les side-projects des autres (l’exemple Jack White!). Voici maintenant le tour de Gary Lightbody, leader-chanteur de Snow Patrol.

Drôle d’itinéraire que celui du groupe nord-irlandais, qui a enchaîné les échecs, au bord du chaos, avant de trouver tardivement la voie du succès. Aujourd’hui, Snow Patrol remplit des Forest National en moins de 2, avec un rock épique, voire volontiers emphatique. C’est le moment qu’a choisi Lightbody pour s’offrir une récréation. Assouvir une envie en fait. Celle d’un disque country. « C’était l’idée de départ en tout cas. Mais on s’en est vite éloigné. Ce qui n’est pas plus mal au final. Je crois que j’aurais dû trop me forcer pour rentrer dans le format. » L’Amérique reste cependant bien le terreau de base de Tired Pony. Une sorte de réservoir à fantasmes, où se croisent des personnages, des paysages… « Du héros prolétaire à la Bruce Springsteen à John Wayne Gacy, le serial killer. Des gens coincés dans les coins les plus sombres de l’Amérique et ceux qui essaient de s’en échapper…  » Lightbody raconte encore son arrivée à Portland, où a été enregistré le disque: « Quand je suis descendu de l’avion, il y avait ce ciel immense. Cela m’a fasciné. Le ciel américain a une telle profondeur, on a l’impression de voir la courbe de la Terre. On a donc voulu faire un disque où les gens seraient des protons et des électrons perdus dans ce grand espace vide. »

Dream team

Plutôt nocturne, aérien, et finalement pas si éloigné que ça de Snow Patrol, The Place We Ran From n’est donc pas un disque country. Ce n’est pas non plus un album solo. « Surtout pas! » Au sein de Tired Pony, on retrouve donc des potes comme Richard Colburn (Belle & Sebastian) ou le producteur Jacknife Lee. Mais aussi Peter Buck (REM) et Scott McCaughey (The Minus 5, REM), auxquels il faut encore ajouter des invités comme M Ward ou Zooey Deschanel. Restait à trouver la cohésion indispensable au projet. « C’est comme si l’on avait toujours été un groupe. Une vraie alchimie. En arrivant, je n’avais que 4, 5 chansons de prêtes. Le reste a été pondu durant les 8 jours où je suis resté sur place. Dead American Writers , par exemple, a été écrite, répétée et enregistrée en une heure. »

Cet élan, cette cohésion, c’est ce qui fait le charme de The Place We Ran From, bel album mélancolique. Le genre de disque qui fait de son principal défaut -son manque d’enjeu- sa plus grande qualité.

Laurent Hoebrechts

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