This is England

Le patriotisme des Anglais n'est plus à démontrer. Des chants dans les stades de foot aux événements liés à la couronne, la moindre occasion est prétexte à afficher ses couleurs. Et personne n'y échappe... © MAGNUM PHOTOS

Quarante-sept ans de cohabitation avec l’Europe n’ont pas fondamentalement modifié l’identité britannique, ce fascinant mélange de mauvais goût et de chic indémodable qu’a si bien su saisir l’objectif de Martin Parr.

Si on en doutait encore, le feuilleton et l’issue du Brexit l’ont rappelé avec fracas: les Anglais cultivent fièrement leurs particularismes. Notamment au niveau vestimentaire. Avec une exubérance décomplexée qui frise parfois le ridicule, chaque classe sociale arbore son « uniforme », entretenant ainsi consciemment ou non une ségrégation économique particulièrement rude et visible outre-Manche. Aux prolos les tatouages, les tenues casual, les ventres à bière et les rassemblements populaires, matchs de foot ou carnavals de quartier; aux aristos les chapeaux hauts de forme, les vieilles pierres, l’esprit de caste et les événements hyper select, chasses à courre ou courses hippiques. Pro-européen convaincu, le photographe et documentariste Martin Parr traque depuis des lustres ses compatriotes dans leur quotidien le plus ordinaire. L’an dernier, Brexit oblige, il a publié un livre – Only Human, chez Phaidon- qui tire le portrait composite de l’Angleterre des années 2010 et qui, bien mieux qu’un long discours, révèle les différentes facettes de l’identité britannique. Si l’excentricité n’est pas un mythe, l’attachement aux traditions non plus, symbolisé par l’omniprésence de l’Union Jack. La plupart des clichés auraient d’ailleurs pu être pris il y a 40 ans tant les us et coutumes ancestrales survivent sous le vernis de la mondialisation. Construire un projet européen commun imposait à Albion de perdre une partie de son âme. Aussi indigeste qu’un steak de cheval pour une majorité d’Anglais.

De la brume, un parterre de verdure, un mur en pierre, du rose pâle, et au milieu un personnage so British sorti d'un roman de David Lodge. Le tableau parfait de l'esprit champêtre britannique.
De la brume, un parterre de verdure, un mur en pierre, du rose pâle, et au milieu un personnage so British sorti d’un roman de David Lodge. Le tableau parfait de l’esprit champêtre britannique.© MAGNUM PHOTOS
Si les Anglais aiment déferler sur les plages d'Ibiza ou de la Costa Brava, c'est parce que leurs plages à eux, tapissées de falaises ou de villes cafardeuses, incitent à la mélancolie plus qu'à la fiesta.
Si les Anglais aiment déferler sur les plages d’Ibiza ou de la Costa Brava, c’est parce que leurs plages à eux, tapissées de falaises ou de villes cafardeuses, incitent à la mélancolie plus qu’à la fiesta.© MAGNUM PHOTOS
Fer de lance de la mondialisation, notamment avec sa City, l'Angleterre a réussi à conserver un tissu industriel, et avec lui un prolétariat, gardien des traditions, des pubs et du drapeau.
Fer de lance de la mondialisation, notamment avec sa City, l’Angleterre a réussi à conserver un tissu industriel, et avec lui un prolétariat, gardien des traditions, des pubs et du drapeau.© MAGNUM PHOTOS
La société britannique est un mille-feuilles où chaque nouvelle couche s'ajoute aux autres. L'esprit libertaire punk apparu à la fin des années 70 continue ainsi à souffler et à s'afficher dans les rues, théâtres d'un joyeux melting-pot.
La société britannique est un mille-feuilles où chaque nouvelle couche s’ajoute aux autres. L’esprit libertaire punk apparu à la fin des années 70 continue ainsi à souffler et à s’afficher dans les rues, théâtres d’un joyeux melting-pot.© MAGNUM PHOTOS
Un cliché où l'on reconnaît immédiatement le regard sarcastique de Martin Parr. Le sujet d'abord, ces lords et duchesses en goguette lors d'un raout de la haute. La mise en scène ensuite, avec ce cadrage improbable et ce flash assassin qui soulignent le ridicule de la scène.
Un cliché où l’on reconnaît immédiatement le regard sarcastique de Martin Parr. Le sujet d’abord, ces lords et duchesses en goguette lors d’un raout de la haute. La mise en scène ensuite, avec ce cadrage improbable et ce flash assassin qui soulignent le ridicule de la scène.© MAGNUM PHOTOS

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