The Wild Pear Tree

Ses rêves de devenir écrivain ont poussé le jeune Sinan à quitter son Anatolie natale pour faire des études à la grande ville. Quand il revient au village, c’est avec la ferme intention de trouver l’argent nécessaire pour être publié. Mais aux difficultés déjà grandes de faire accepter un texte farouchement indépendant s’ajoute un obstacle imprévu: le père de Sinan s’est lourdement endetté, hypothéquant plus encore ses chances d’obtenir une aide des potentats locaux… Le huitième long métrage de Nuri Bilge Ceylan restera probablement parmi les meilleurs du cinéaste né à Istanbul voici 60 ans. À l’âge où nombre de ses collègues ont définitivement fixé leur approche narrative et stylistique, il fait bouger les lignes. Sa caméra se fait mobile et même très mobile, accompagnant les personnages au fil de déplacements dans une nature sauvage où ils échangent avec ardeur des idées sur l’art, la liberté, la tradition, l’intégrité, les compromis. Dans son propos aussi, Ceylan se déplace, se montrant (sans cesser d’être subtil) plus politique que jamais, et en abordant même avec vigueur le sujet encore pour beaucoup tabou de la religion. On retrouve bien sûr les considérations existentielles à propos de la vie, de l’amour, de la famille, des différences sociales et culturelles, des ravages du temps et des concessions, venues d’auteurs russes admirés et qui hantaient si magnifiquement Uzak, Les Climats, Il était une fois en Anatolie et Winter Sleep. Mais The Wild Pear Tree est traversé par une singulière urgence, que porte son jeune protagoniste et que motivent probablement les graves dilemmes de la Turquie d’aujourd’hui. De quoi donner à ce film admirable des résonances profondes, essentielles, à la fois très ancrées dans la réalité locale et d’une portée universelle.

De Nuri Bilge Ceylan. Avec Dogu Demirkol, Murat Cemcir, Bennu Yildirimlar. 3 h. Dist: September.

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