RÉVÉLÉ EN 2001 PAR DONNIE DARKO, JAKE GYLLENHAAL S’EST IMPOSÉ TOUT EN INTENSITÉ DANS LE PAYSAGE HOLLYWOODIEN. DÉMONSTRATION AVEC SES DEUX DERNIERS FILMS.

Everest

DE BALTASAR KORMAKUR. AVEC JASON CLARKE, JOSH BROLIN, JAKE GYLLENHAAL. 2 H 01. DIST: UNIVERSAL.

6

Southpaw (La Rage au ventre)

D’ANTOINE FUQUA. AVEC JAKE GYLLENHAAL, FOREST WHITAKER, RACHEL MCADAMS. 1 H 59. DIST: EONE.

5

La scène se déroule au coeur d’Everest, le film d’aventures de Baltasar Kormakur. Au plus fort de son mano a mano avec la montagne, Scott Fischer, un alpiniste rompu à tutoyer les limites, a cette formule, lui tenant lieu de philosophie de l’existence: « It’s not the altitude, it’s the attitude ». Prononcée par un autre, la réplique ferait basculer le drame dans le ridicule; dans la bouche de Jake Gyllenhaal, ces mots ont valeur d’évidence. En une quinzaine d’années de parcours, l’acteur californien a imposé un profil tout en intensité, et sa filmographie a des allures de concentré d’attitude, précisément, qui aligne les Donnie Darko, Jarhead, Brokeback Moutain, Zodiac, Source Code, Prisoners et autre Nightcrawler. On aurait le tournis à moins, Gyllenhaal semble pour sa part en redemander, dont les deux derniers films, Everest et Southpaw, sont là pour témoigner de l’étendue physique de son répertoire, à défaut d’être des réussites incontestables.

Barré de la mention « based on the incredible true story », Everest revient sur les événements dramatiques du printemps 1996, lorsque deux expéditions d’alpinistes parties à l’assaut du toit du monde allaient être rattrapées par une tempête aux conséquences désastreuses. Kormakur pose habilement le contexte d’un Himalaya dont les reliefs se muent en terrain de jeu pour Occidentaux peu nécessiteux en mal d’émotions fortes, avant de plonger le spectateur au coeur de l’action. Le spectacle est à la hauteur de l’attente, qui enquille les plans vertigineux tout en orchestrant un crescendo de tension. Mais s’il y a là une brochette d’acteurs de premier plan -Gyllenhaal, donc, plutôt allumé, mais encore Jason Clarke, John Hawkes, Josh Brolin et autre Robin Wright-, incarnant avec un maximum de vérité une galerie de personnages contrastés, le film s’enlise quelque peu dans sa seconde partie -un « survival » classique où le cocktail d’aventures et de sentimentalisme n’emporte que modérément l’adhésion. D’intéressants compléments Blu-ray reviennent sur les conditions de tournage, entre le Népal et le glacier de Val Senales, en Italie, mais encore aux studios de Pinewood, où fut « reconstruit » le sommet de l’Everest.

En langage pugilistique, Southpaw désigne un boxeur gaucher. La Rage au ventre, le titre français du film, traduit pour sa part l’état d’esprit animant Billy Hope, champion déchu tentant de remonter la pente et de retrouver l’estime de soi, et celle de sa fille au passage. Au départ d’un scénario classique sinon éculé, Antoine Fuqua (Training Day) signe un film efficace et musclé, mais sans génie. Reste Gyllenhaal, à l’évidence investi, et qui en impose en boxeur meurtri, l’emballage final valant d’ailleurs son pesant d’adrénaline. Pas de bonus.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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