Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

21.35 LA DEUX SéRIE

UNE SÉRIE NBC CRÉÉE PAR PAUL HAGGIS ET BOBBY MORESCO. AVEC JONATHAN TUCKER, BILLY LUSH, TOM GUIRY.

On associe souvent, à raison d’ailleurs, le nom du Canadien Paul Haggis au film Crash. Pas le malsain Crash de Cronenberg, le Crash de Paul Haggis justement, celui qui remporta l’Oscar du meilleur film en 2006. Quelques bonnes idées pour un film choral qui, dans certaines situations, baignait malheureusement dans sa propre soupe à la guimauve. Ce qu’on sait moins de ce scénariste et metteur en scène à succès (on lui doit notamment le script du très beau Million Dollar Baby), c’est qu’avant d’investir les salles obscures, ce pilier scientologue fut le créateur d’une série aussi culte que pathétique en la personne de Walker Texas Ranger, qui est au redoutable Chuck Norris ce que Columbo est à Peter Falk. Pas étonnant qu’Haggis exhibe davantage sa statuette que cet embarrassant statut, même si le goût de l’écriture télévisuelle ne l’a pas quitté pour de bon, comme en témoignent les 13 épisodes de cette série inédite que commence à dévoiler La Deux à partir de ce samedi.

Dans ces deux premiers épisodes des Black Donnellys, l’histoire de 4 frères irlandais liés à la pègre, on retrouve tous les ingrédients d’une bonne fiction téléphonée. Quatre profils différents et bien typés -le frère raisonnable, la tête brûlée, le malchanceux et le beau-gosse: tragédie grecque, destin inexorable, le raisonnable va devoir s’impliquer pour couvrir les bêtises de son frère, un peu comme dans un petit film de mafia des années 70, avec Marlon Brando et Al Pacino-, un mafioso italien qui gère son business sur une table de restaurant, une intrigue amoureuse en forme de dilemme – « Non, ne pars pas! » « Il le faut. Je reviens après (avoir fait ce qu’un vrai homme doit faire) ».

honorable

Bref, si à ces éléments d’une originalité bancale, on ajoute une narration déjà vue elle aussi -un « ami » d’enfance des frères raconte leur histoire à la police, en faisant beaucoup de blagues pas vraiment drôles-, un sentiment d’être dans un scénario fifties tourné 50 ans trop tard, un doublage français (ça, Haggis n’y peut rien), on se dit que cette série n’aura rien révolutionné du tout. Et cela, même si Paul Haggis n’est pas le plus sombre des auteurs hollywoodiens: on retrouve bien, par-ci par-là, quelques fulgurances, mais rien qui puisse accorder à ces deux premiers épisodes davantage qu’une mention « honorable ». La série fut d’ailleurs sabrée par NBC après une année.

Guy Verstraeten

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