Tératologie de la violence

Née en 1969 à Stockton (Californie), Kara Walker est l’une des figures de proue de la scène artistique américaine. Son succès est arrivé très tôt dans sa carrière. Peu de temps après sa maîtrise en peinture et gravure à la Rhode Island School of Design, elle obtient le très prestigieux prix MacArthur (1997), comme James Turrell ou Bill Viola avant elle. La travail qui a contribué à la rendre célèbre est celui qui met en scène des tableaux grand format composés de collages de silhouettes évoquant les spectacles d’ombres chinoises (notamment le très célèbre The End of Uncle Tom and the Grand Allegorical Tableau of Eva in Heaven). La naïveté en moins: ces oeuvres représentent des scènes effrayantes où s’opposent des maîtres blancs et des esclaves de couleur. Magnétique à proprement parler, ces compositions fonctionnent à la façon d’un « piège visuel », une stratégie esthétique, qui capture l’oeil du regardeur. Ce que l’on y voit terrifie, c’est-à-dire la mise en scène d’un racisme institutionnalisé tel qu’il opère dans le monde. La vision de la plasticienne est sombre. Pour elle, point de répit à ces mécanismes qui ont partie liée avec la nature humaine: qu’ils soient réels ou symboliques, l’oppression et le besoin de détruire l’autre sont les moteurs d’une Histoire qui tourne en rond. Kara Walker est représentée par la galerie new-yorkaise Sikkema Jenkins & Co.

Chaque semaine durant l’été, Gros plan sur un artiste essentiel de la scène plastique afro-américaine.

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